Page 56 - Des ailes pour le Brésil
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Et dans certains cas d’urgence, il m’est arrivé d’avoir à livrer des
billets à domicile.
Le service complet !
Les trente-cinq heures hebdomadaires légales n’existaient pas
encore et les heures supplémentaires n’étaient pas rémunérées.
Certains présidents d’importantes sociétés n’hésitaient pas à me
convoquer dans leur bureau pour organiser leurs voyages
compliqués, cela pouvait durer des heures, les ordinateurs PC
étaient encore rares et Internet n’existait pas…
Je devais transporter dans le métro la volumineuse bible des horaires
et le catalogue des prix du transport aérien : les deux ABC, (Air
Book) et un OAG, Official Airlines Guide.
Parfois, mes bras étaient bien fatigués tant ces documents étaient
lourds !
L’organisation d’un voyage avec de nombreuses escales dans
différents pays, exigeait la prise de connaissance des formalités des
visas, de santé, et de la tarification qui pouvaient se révéler
compliqués à programmer.
Un horaire erroné ou modifié pouvait chambouler tout
l’itinéraire et changer les rendez-vous du passager et alors nous
devions de nouveau tout reprogrammer.
La fluidité des tarifications du billet d’avion, les différences de
changes et les modifications de prix : hôtellerie, restauration -
devenaient souvent un véritable casse-tête.
Je n’ai jamais autant travaillé qu’en mai 68.
Certaines sociétés avaient affrété des avions privés pour mettre
leur comptabilité à l’abri en quittant la France.
Nous devions savoir aussi être discrets !
Un jour, une charmante et belle femme m’attendait à la sortie
de l’agence dans l’espoir de me faire dire le nom de la personne qui
avait voyagé avec son mari.
Ce fut pénible de voir cette femme m’implorer, et même pleurer
- elle cherchait désespérément des preuves contre son mari infidèle
pour préparer son divorce.