Page 79 - Des ailes pour le Brésil
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rapidement  possible.  Je  rendais  visite  à  quelques-uns  de  nos
                  passagers  gravement  brûlés,  répartis  dans  trois  hôpitaux,  ce  qui

                  ultérieurement  compliqua  terriblement  l’organisation  de  leur
                  rapatriement.

                         Le Consulat de France avait été prévenu de l’accident, je leur
                  avais communiqué les informations des contrats d’assurance de nos

                  voyageurs, ce qui les aida énormément et leur fit gagner un temps
                  précieux.
                         Le  plus  insupportable  fut  d'accompagner  à  la  morgue  les

                  survivants pour l’identification des corps brûlés parfois difficilement
                  reconnaissables. Certains survivants lors de cette funèbre formalité

                  devaient être soutenus à bras-le-corps.
                   J’ai dû m’occuper du rapatriement des rescapés tout en échappant
                  au harcèlement aussi sordide que morbide des médias.

                   Leurs  souhaits  des  passagers  étaient  seulement  d’être  rapatriées
                  dans les meilleurs délais.

                   La  compagnie  d’aviation,  finalement,  après  de  nombreuses
                  tergiversations, consentit à mettre à notre disposition pour rejoindre

                  Paris, un avion DC 9 pour seulement une vingtaine de passagers.
                   Ce fut certainement pour cette compagnie, une « première » tant la

                  pression médiatique était forte pour leur image de marque.
                   Le Consulat émit pour les rescapés des documents provisoires, le
                  passage  des  formalités  de  police  en  fut  simplifié  pour

                  l’embarquement à l’aéroport.
                  La compagnie d’assurance s’occupa du rapatriement des corps avec

                  les autorités.
                      La  plus  grande  difficulté  fut  de  convaincre  ces  passagers

                  apathiques, encore traumatisés de reprendre un avion.
                       Avant le décollage, dès qu’ils furent assis dans l’appareil, certains

                  commencèrent  à  manifester  de  l’inquiétude ;  réaction  tout  à  fait
                  prévisible.
                       Il fallait trouver un subterfuge pour les empêcher de paniquer et

                  de se souvenir. Nous décidâmes avec les hôtesses de leur servir sans
                  répit, pendant une heure et demie de voyage, du champagne et des

                  collations.  Tout  en  les  abreuvant  de  champagne,  je  les  saoulais
                  d’histoires improvisées, en espérant qu’elles leur permettraient de
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