Page 80 - Des ailes pour le Brésil
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penser à autre chose. J’étais devenu pendant ce vol un acteur
dramatiquement comique. Le champagne coula sans limite pendant
toute la durée du vol.
À Orly, la compagnie aérienne avait organisé pour nos
voyageurs une réception avec leurs familles. Il n’existait pas encore
à cette époque comme aujourd’hui, d’aides psychologiques dans les
cas de catastrophes aériennes.
Après trois jours et deux nuits presque sans sommeil, je
marchais, exténué, tel un zombi, empaqueté dans mon vieil
imperméable Burberry. J’étais devenu le portrait ambulant du
délabrement physique et moral. À cet instant, l’épave à Paris, c’était
moi aussi ! Je repris mon travail le lendemain matin.
Aujourd’hui encore, les séquelles de ce drame sont toujours vivantes
et me reviennent en mémoire à la vue à la télévision d’une
catastrophe aérienne.
Très longtemps après, l’enquête confirma une erreur de pilotage -
l’appareil avait dérapé à l’atterrissage sur une piste mouillée -
phénomène d’aquaplaning. Les accidents d’avion semblent ne
jamais se produire isolément.
Pendant que je me remettais de cette catastrophe, une amie
atterrit à Mexico, devant les ruines fumantes d’un DC10 de la
compagnie Aero Mexico, à la suite de sa collision avec un avion
privé. Cet accident révéla la désastreuse gestion et la faillite de la
compagnie nationale mexicaine, due en grande partie aux
malversations de son dernier dirigeant.
Pour me remettre de mes émotions, un copain m’invita à
l’élection de Miss Univers, au cinéma Normandie, sur les Champs-
Élysées. C’était la première fois que j’assistais à ce genre de
spectacle.