Page 88 - Des ailes pour le Brésil
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côtière. Mauvaise surprise, il n’y avait pas de vol avant le lendemain
                  soir et pas une chambre d’hôtel libre dans la région.

                       Ce ne serait pas la première nuit que je passerais coucher sur le
                  sol, mais il s’avère que quand même, je préfère le confort d’un bon

                  matelas ! Une hôtesse d’UTA, dont on dirait aujourd’hui qu’elle est
                  « cool », me raconta les incidents de notre vol. Notre avion avait eu

                  une  fuite  d'huile  hydraulique  et  le  pilote  avait  jugé  préférable
                  d’atterrir à Kinshasa pour réparer. Peu de temps après s’être posé,
                  de  bruyants  combats  avaient  commencé  à  se  dérouler  autour  de

                  l’aéroport.

                       La décision de décoller par le commandant de bord avait été
                  prise, sans attendre.
                       Dans la précipitation du raccommodage, ils avaient colmaté avec

                  du  chewing-gum  la  petite  fuite  d’huile !  Notre  DC  8  arborait  un
                  impact de balle ou d’un éclat de mortier… Attachez vos ceintures !

                      Dans l’aéroport en pleine anarchie, du nom de Maya-Maya, un
                  employé  désorienté  m’informa  qu'il  y  avait  probablement des

                  cabanons  disponibles  à  quelques  kilomètres  de  l’aérodrome,
                  réservés  essentiellement  aux personnels  navigants des  diverses

                  compagnies aériennes.
                       Alors  que  je  m'apprêtais  à  héler  un  taxi  pour  m'y  rendre,

                  j’aperçus une femme que j'avais remarquée à bord de l’avion DC8.
                  Elle était assise, visiblement désemparée, en pleurs sur le bord du

                  trottoir,  des  Africains  qui  probablement  tentaient  de  l’exploiter
                  l’entourés.
                       Au rose intense de sa robe, j’optais pour une Anglaise ou une

                  Américaine. Elle cherchait également un hôtel. Nous avons alors
                  trouvé un taxi et nous nous sommes installés dans le seul cabanon

                  rudimentaire  libre,  après  une  heure  de  palabres  avec  le
                  réceptionniste et quelques billets de francs CFA.

                       Nous  avons  dîné  ensemble,  au  bord  d'une  piscine  aux  eaux
                  saumâtres  et  peu  romantiques.  Elle  me  raconta  qu’elle  était  du

                  Missouri.  L’année  suivante,  avec  son  mari,  elle  me  rendit  mon
                  invitation dans mon restaurant préféré à Paris, le Taillevent, pour

                  me remercier de ma courtoisie au Congo.
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