Page 86 - Des ailes pour le Brésil
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En réalité, ils ne sont que des visiteurs éphémères et des voyeurs.
Connaître la Chine est impossible pendant un séjour de vacances.
Ayant été à plusieurs reprises en
Chine, je pense que l’on ne choisit pas
dans les années 80 d’aller dans
l’empire du Milieu, juste après la
révolution culturelle, pour prendre
des photos de papa et maman devant
une pagode et les montrer plus tard
aux amis éblouis.
La muraille de Chine, en 1996, lors du voyage de préparation pour l’organisation du XVe
congrès mondial du pétrole prévu en octobre 1997.
J’ai toujours du mal à supporter les invitations des personnes qui, au
retour de leurs voyages, généralement pour dîner, vous barbent en
commentant leurs visites photos, ou diapositives !
Un voyage contient toujours une part d’imprévu, c’est
d’ailleurs ce qu’ils recherchent, même s’ils jurent leurs grands dieux
que non, la plupart des candidats à ce type de déplacement en Asie.
Pendant la nuit du 21 mai 1981, alors que nous étions réunis à
Singapour dans la boîte de l’Hôtel Imperial, pour fêter l’anniversaire
d’un congressiste, le correspondant de Reuters m’interpella :
« Hello, der Französich, toutes mes condoléances, Mitterrand vient
d’être élu ! ». Je saluais cette nouvelle par le mot cher à Cambronne,
et nous absorbâmes ce soir-là une redoutable quantité de Mai-Tai,
ce délicieux cocktail à base de rhum.
J’ai toujours pensé que ma gueule de bois avait duré pendant
toute la présidence du grand personnage sur lequel tout a été dit !
Toujours est-il que ce congrès fut l’un des plus grands que j’ai eu
à organiser, avec plus de 2 000 participants à Singapour. J’avais
réservé dans trois hôtels, 300 suites et 1 500 chambres. Pour cela,
j’avais dû effectuer trois voyages de préparation, plus d’un an à
l’avance, et prendre un avocat chinois pour rédiger les contrats en
anglais et en mandarin. Depuis ce temps-là, la Chine s’est réveillée,
et elle est devenue, en 2017, la première puissance économique au
monde.
CHAPITRES VI.