Page 90 - Des ailes pour le Brésil
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À partir de cet épisode, on commença à ne plus compter les
                  heures de voyage !

                       Tout changement de situation devenait im compréhensible.
                        Nous avions peu dormi, nous nous sentions minés par le stress,

                  nous  étions  dans  une  sorte  d’état  de  fatigue  léthargique.  Le  plus
                  pénible dans ces situations est le manque d’information cohérente.

                  Certains passagers parlaient même de vouloir abandonner leur vol.
                  Pour essayer de détendre l’ambiance, certains passagers volubiles
                  racontèrent leurs mésaventures et expériences en avion pour ensuite

                  s’endormir tristement, vaincus par la fatigue.

                      Quelques  heures  plus  tard,  enfin,  nous  embarquâmes  et
                  décollâmes  en  direction  de  la  prochaine  escale :  Jakarta,  en
                  Indonésie.

                      Le voyage reprit, mais il était dit que nous aurions à subir, au
                  cours de ce trajet, de nouvelles pénibles découvertes et mauvaises

                  surprises. Arrivés, à la verticale de la ville de Jakarta, où nous devions
                  atterrir, l’avion commença à tourner, cela dura plus d’une heure.

                  Résignés, nous apercevions les lumières scintillantes de la ville, au
                  travers des nuages zébrés par les éclairs. Soudain, le commandant

                  de bord nous annonça, d’un ton mielleux, que nous devions être
                  déroutés  sur  Kuala  Lumpur,  en  Malaisie,  pour  contourner  un

                  violent orage tropical. Peu de temps après, notre cher pilote nous
                  informa, en s’égosillant cette fois-ci, que le personnel navigant devait

                  être débarqué conformément à la réglementation I.A.T.A. En claire,
                  cela voulait dire que nous devions attendre qu’un nouvel équipage
                  arrive de Paris !

                  Le temps de service maximal d'un pilote européen est de 14 heures.
                  Son repos en escale doit être de 12 heures.

                   Il a droit ensuite à un temps de « repos social », au retour.
                          Ce  fut  alors  que  la  cabine  explosa,  un  véritable  coup  de

                  tonnerre de protestations, de vociférations et d'insultes en plusieurs
                  langues  !  La  colère  mêlée  de  désespoir  et  de  fatigue  était  à  son

                  paroxysme.  Nous  n’étions  pas  loin  d’une  insurrection  et  d’une
                  probable bagarre avec l’équipage.
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