Page 35 - LOGEMENT SOCIAL ET SANTE MENTALE : LIMITES JURIDIQUES ET PERSPECTIVES
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Paragraphe 1 : Assurer la jouissance paisible de la résidence


               Les bailleurs sociaux doivent garantir le droit de jouissance paisible du logement, gérer les
               troubles de voisinage et inciter les locataires à signaler les situations de mise en danger d’autrui

               ou de maltraitance.

               § Garantir le droit de jouissance paisible du logement
               L’obligation de jouissance paisible du logement est un des éléments du contrat de bail qui

               s’impose  tant  au  bailleur  social  qu’aux  locataires.  En  cas  de  non-respect  des  clauses

               contractuelles par le locataire, le bailleur social pourra entamer la procédure d’expulsion.

               Le locataire, dit le « preneur » doit « user de la chose louée en bon père de famille » (art. 1728

               du code civil). Cette obligation est reprise à l’article 7 (b) de la loi du 6 juillet 1989 qui impose
               au locataire « d’user paisiblement des locaux loués, suivant la destination qui leur a été donnée

               par le contrat de location » et ceci, quelle que soit la situation financière, sociale ou médicale

               des locataires. Cette disposition est d’ordre public. Elle pèse juridiquement sur le locataire de
               la même façon que les autres obligations : payer le loyer et les charges, effectuer l’entretien

               courant et assurer les réparations locatives. Le non-respect de ces clauses pourra être sanctionné

               par  la  résiliation  du  bail  (art.  L.442-4-1  du  CCH).  Cette  obligation  de  jouissance  paisible
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               concerne toutes les personnes du foyer. De plus, le locataire ne peut ni dégrader les lieux , ni
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               les  transformer  sans  autorisation  du  bailleur .  En  cas  de  destruction,  de  dégradation,  de
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               détérioration  et  si  l’infraction  est  reconnue,  le  locataire  engage  sa  responsabilité  pénale
               pouvant conduire à l’expulsion (Cf. annexe 11.1 situation D p. 67). Le non-respect du droit de
               jouissance peut constituer un trouble de voisinage qui contraint le bailleur social à intervenir.


               § Gérer les troubles de voisinage
               Les troubles de voisinage concernent  tous les litiges entre voisins, constituant souvent une

               atteinte à la jouissance paisible des lieux. Ainsi, les juges retiennent la théorie jurisprudentielle
               du  «  trouble  anormal  de  voisinage  ».  «  Elle  institue  une  responsabilité  objective,  une

               responsabilité sans  faute. Il s’ensuit  que l’auteur  du trouble ne peut  pas  s’en exonérer  en

               prouvant son absence de faute. Seule la preuve du trouble est nécessaire, c’est la naissance
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               d’un droit à une qualité et une tranquillité de vie  ». En effet, le trouble de voisinage est
               sanctionné indépendamment de la nature volontaire ou non de sa cause. Ainsi, même si



               63  Art.1735 du code civil
               64  Art.7 de la loi du 6 juillet 1989
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                  Art. 322-5 du code pénal

               66  Cours de Monsieur Luc-Michel NIVOSE- Conseiller à la Cour de cassation – 3 ème  chambre civile-
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