Page 39 - LOGEMENT SOCIAL ET SANTE MENTALE : LIMITES JURIDIQUES ET PERSPECTIVES
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Section 2 : Évolution managériale de la gestion locative


               Les bailleurs sociaux ont engagé une démarche de réorganisation des services à la clientèle (1)

               et ils ont défini la procédure de traitement d’un dossier lié à un trouble de santé mentale (2).

               Paragraphe 1 : La réorganisation des services à la clientèle

               Les risques psychosociaux vécus par certains salariés ont conduit certains bailleurs sociaux à
               mettre en place des actions de sensibilisation et de formation sur la santé mentale. En outre, ils

               ont renforcé la gestion locative par la mise à disposition de compétences médico-sociales.

               § La prévention des risques psychosociaux des salariés
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               Nadine PONCIN  rappelle que « tout employeur est tenu à une obligation de sécurité et doit
               prendre  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  protéger  la  santé  physique  et  mentale  des

               salariés ». Diverses mesures peuvent être mises en place par les bailleurs sociaux : actions de
               prévention, d’information, de formation et la mise en place d’une organisation et de moyens

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               adaptés etc . Selon LOGIREM « les dirigeants des organismes HLM s’impliquent de plus en
               plus dans la gestion des locataires ayant des troubles de santé mentale en raison des risques

               psychosociaux éprouvés  par les salariés ».  Les risques psychosociaux correspondent à des

               risques professionnels qui pénalisent l’intégrité physique et mentale des salariés. Par exemple,
               face  à  ces  locataires,  les  interventions  administratives  du  bailleur  social  sont  considérées,

               parfois, comme « inopérantes, inefficaces ou inadaptées ». Par ailleurs, le personnel se retrouve
               en difficulté face à ce public pour établir une relation d’échange, d’où une « incompréhension

               de la situation » et la difficulté à trouver les « bons outils » ou « le bon interlocuteur ». La
               crainte est liée à la perception des troubles de santé mentale et au risque d’être confronté à un

               « comportement menaçant ou agressif » ou d’être « en situation de danger ». Or, seulement « 3

               à 5 % des violences commises à l’encontre des personnes et des biens sont imputables aux
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               personnes ayant un trouble mental » . Par conséquent, le danger provient majoritairement des
               personnes  «  ordinaires  ».  Les  risques  cités,  par  les  bailleurs  sociaux  interrogés,  sont  les

               violences (insultes, menaces, agression verbale et physique) et le stress pouvant conduire à
               l’épuisement  des  professionnels.  Cela  se  traduit  par  une  hausse  des  arrêts  de  travail,  une

               irritabilité, une nonchalance, un refus de respecter les règles etc. Toutefois, la perception de ces






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                 Avocate au barreau de Paris spécialisée en droit social, intervenante à l’Université de Paris 13
               76  Art. L.4121-1 à L.4121-5 du code du travail.
               77  Haute Autorité de Santé, Dangerosité psychiatrique, Saint-Denis La Plaine, mars 2011, p.5, 29 pages

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