Page 38 - LOGEMENT SOCIAL ET SANTE MENTALE : LIMITES JURIDIQUES ET PERSPECTIVES
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Paragraphe 2 : Les dispositifs de prévention des expulsions

               Les bailleurs sociaux de la métropole indiquent que souvent les locataires atteints d’un trouble
               mental sont en impayé de loyer. Les organismes HLM enclenchent, plus souvent, la procédure

               d’expulsion pour impayé de loyer. Ils doivent, alors, saisir la Commission de Coordination
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               des Actions de Prévention des Expulsions (CCAPEX) . L’objectif est de lutter contre les
               expulsions des locataires, de régler les problèmes d’impayés et de prévoir un plan de relogement

               pour ceux qui sont en situation difficile. Certains bailleurs sociaux pensent que ces deux outils
               ont le « méritent de mobiliser, autour du bailleur social, l’ensemble des partenaires chargé de

               régler  les  difficultés  financières  des  locataires  ».  Mais,  «  l’absence  de  solutions  effectives

               alimentent » la procédure d’expulsion et cela peut influencer la décision du juge. La CCAPEX
               et la charte de prévention des expulsions ont été mis en place, en Martinique, en 2010. En

               revanche, le dispositif n’est pas opérationnel. L’État envisage de réactiver, ces outils d’ici 2018.

               Outre la CCAPEX, en cas d’expulsion, le locataire peut saisir la commission de médiation

               du DALO. Les locataires menacés d’expulsion, dont ceux qui sont atteints d’un trouble mental,

               sans possibilité de relogement peuvent saisir cette instance pour obtenir un autre logement
               social (cf. annexe 5 situation B p. 64). En effet, les bailleurs sociaux interrogés  constatent

               qu’après  une  expulsion  «  certains  locataires  reviennent  dans  le  parc  social  ».  Enfin,  la
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               circulaire du 22 mars 2017 , relative à la mise en œuvre du plan interministériel pour la
               prévention des expulsions, favorise l’articulation entre la CCAPEX, la charte de prévention des
               expulsions et la commission de médiation du DALO. Elle vise un objectif de « zéro expulsion

               sans relogement ». L’État souhaite éviter les « coûts conséquents pour les finances publiques…

               [liés à] l’hébergement et à l’indemnisation des bailleurs ».

               Pour  conclure,  certains  bailleurs  sociaux  déclarent  que  la  procédure  d’expulsion  n’est  pas
               évidente  à  mener  en  raison  de  tous  ces  dispositifs  (CCAPEX,  charte  de  prévention  des

               expulsions, DALO). En outre, « le suivi et la constitution du dossier d’expulsion, notamment,

               pour trouble de voisinage est complexe car l’évaluation du trouble anormal de voisinage reste
               à l’appréciation du juge ». Par conséquent, certains organismes HLM considèrent qu’ils sont

               « souvent déboutés ». Freinés par la procédure d’expulsion et contraints de gérer les locataires

               atteints d’un trouble mental, les bailleurs sociaux  ont voulu renforcer la gestion locative.




               73  La CCAPEX a été introduite par la loi « Besson » et  la loi MOLLE du 25 mars 2009 l’a rendue obligatoire.
                  Puis, elle a été renforcée suite à la loi ALUR du 24 mars 2014 (art.27).

               74  Circulaire du 22  mars  2017 « relative à la mise en œuvre du plan interministériel pour la prévention des
                  expulsions locatives », n° NOR : LHAL1709078C

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