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PARTIE I
Suite à un arbitrage entre le ministère de la Santé
et du ministère de l’Economie à l’époque, sous
le quinquennat Hollande : Macron a fait le choix
de supprimer la réserve sanitaire nationale auprès
de l’EPRUS et a publié des décrets pour obliger
les hôpitaux, collectivités locales et les entreprises
à se doter de stocks de masques. Mais puisque
l’administration auprès des préfectures a disparu,
personne ne pouvait plus faire l’inventaire
pendant le Covid-19 !
Christophe Prudhomme, Porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France
En 2017, après l’élection d’Emmanuel Macron, Agnès Buzyn arrive au ministère de la
Santé. À cette date, les réserves étatiques s’établissent donc à 714 millions de masques
chirurgicaux. Parmi ceux-ci, 616 millions datent pour l’essentiel de 2005 et 2006, le
reste ayant été acquis entre 2014 et 2016. Mais à la suite d’un contrôle de qualité réa-
lisé entre la fin de l’année 2017 et le début de l’année 2018, la quasi-totalité des 616
millions de masques datant de 2005 et 2006 ont été détruits . C’est pourquoi, fin mars,
le nouveau ministre de la santé Olivier Véran évoque un stock de 117 millions, compo-
sé des 98 millions achetés entre 2014 et 2016 et de 19 millions de masques de 2006 et
2006 ayant échappé à la destruction. À l’arrivée, l’État français a donc vu ses stocks
baisser en dix ans, de 2,2 milliards de masques en 2009 à un peu plus de 100 millions
en 2019 . 4
2009 2011 2013 2017 2019
Stock de masques 2,2 milliards 1,4 milliard 616 000 714 000 117 000
de l’état
Dont chirurgicaux 1,6 milliard 800 000 616 000 714 000 117 000
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> Médicaments : la santé publique sacrifiée sur l’autel de la mondialisation
La crise que nous connaissons a fait émerger un autre scandale . C’est celui de notre
dépendance dans la production de médicaments . Ainsi, alors que 80% des principes
actifs des médicaments (c’est-à-dire la substance qui donne l’effet thérapeutique)
étaient fabriqués en Europe il y a trente ans, on estime qu’entre 60 % et 80 % proviennent
aujourd’hui du reste du monde, principalement de Chine et d’Inde. En effet, depuis le
début des années 90, sous l’impact de la mondialisation et du dumping social, la pro-
duction des principes actifs a été délocalisée vers des pays à faibles coût de main-
d’œuvre . Les conséquences de cette dépendance étaient pourtant visibles : le nombre
de ruptures ou de tensions d’approvisionnement pour les médicaments jugés « d’intérêt
thérapeutique majeur » en France a augmenté largement ces dernières années, passant
de 44 en 2008, à 404 en 2013 et 817 en 2018, selon les autorités de santé.
4 / « 2017-2020 : comment la France a continué à détruire son stock de masques après le début de l’épidémie »,
Le Monde, 7 mai 2020.