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PARTIE I
La France fait en effet partie des pires élèves car sur les 91 médicaments autorisés
en Europe en 2017, seulement 6 sont produits en France contre 12 en Irlande, 15 en
Allemagne ou encore 16 au Royaume-Uni. En 2018, un rapport du Sénat « sur la pénurie
de médicaments et de vaccins » a tiré la sonnette d’alarme, mettant en garde contre
les risques d’une « concentration de la production entre les mains de quelques four-
nisseurs ». Interrogée par les sénateurs, Catherine Simonin, la vice-présidente de la
Ligue contre le cancer, expliquait ainsi que « les 35 molécules de base en oncologie
sont fabriquées en Orient, notamment en Chine, par trois fabricants ». À plusieurs
reprises pourtant, face à des délocalisations ou à des restructurations, les salariés du
secteur pharmaceutique ont tiré la sonnette d’alarme . En mars 2009 par exemple, le
groupe Celanese avait annoncé la fermeture de l’usine Acetex Chimie. Il s’agissait de
la seule usine européenne produisant de l’acide acétique et de l’acétate de vinyle. L’acide
acétique entre dans la composition et accroît les effets de certaines drogues à usage
médical comme l’aspirine et la morphine. Les salariés avaient dénoncé alors cette
perte de souveraineté sur une production essentielle, relayé notamment par Jean-Luc
Mélenchon qui s’était déplacé sur le site de l’usine à Pardies dans le bassin de Lacq.
Toutes ces alertes ont été ignorées . L’Observatoire de la transparence dans les politiques
du médicament avait alerté dès juillet la ministre de la santé et des solidarité Madame
Buzyn sur le risque de rupture et de pénurie de médicaments. Sans réponse. De nombreux
amendements ont été défendu dans les projets de loi de finance de la sécurité sociale
(PLFSS) pour demander la transparence sur l’état des stocks de médicaments, l’origine
des matières premières ou encore les marges faites sur les prix. Tous refusés par la
ministre Buzyn et le rapporteur LREM de l’époque qui n’était autre que Monsieur Véran.
Même mépris pour la demande de respecter une base de données de la transparence
qui faisait pourtant suite à l’adoption d’une résolution sur la transparence concernant
les politiques publiques des médicaments par l’OMS à l’occasion de la 72 assemblée
e
mondiale de la santé. Pas étonnant lorsqu’on sait que la France s’y était d’abord opposée.
La mise en œuvre de la check-list de la
transparence peut contribuer à façonner
les politiques de santé publique, de recherche
et développement et de propriété intellectuelle,
avoir un impact sur les négociations de prix
des médicaments, et en définitive bénéficier
à l’accès à la santé des populations et protéger
et renforcer les systèmes de santé publique
basés sur la solidarité. »
Pauline Londeix et Jérôme Martin, Observatoire de la transparence
dans les politiques du médicament 5
L’Observatoire pour la transparence dans les politiques du médicament n’a eu de cesse
de dénoncer l’ultra concentration du marché du médicament à quelques producteurs,
comme Roche, Abbott /Alere, Biomérieux, Quiagen et Thermo Fisher . L’OMS alertait
sur ce sujet déjà dans un rapport de 2011 . Là encore les gouvernements successifs ont
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fait la sourde oreille et laissé la loi du marché opérer ses désastres.
5 / « Check-List de la Transparence sur les Médicaments », Pauline Londeix et Jérôme Martin,
Blog de Mediapart, 1 septembre 2019.
6 / Increasing Access to Diagnostics Through Technology Transfer and Local Production, Rapport de l’OMS 2011.