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PARTIE I
B / DES SERVICES PUBLICS DÉMANTELÉS,
UNE CONTINUITÉ DE L’ÉTAT
AMOINDRIE AU DÉTRIMENT
DE LA JUSTICE SOCIALE
1 / UNE RÉFORME DE L’ASSURANCE CHÔMAGE DÉSASTREUSE
ET UN SERVICE PUBLIC DE L’EMPLOI MIS À MAL
La liberté ce n’est pas de bénéficier des allocations
chômage pour partir deux ans en vacances.
Christophe Castaner, octobre 2017
Depuis des décennies, les politiques publiques à l’égard des demandeurs d’emploi se
sont transformées . À l’origine, l’objectif de l’État était d’accompagner, de former et
d’indemniser les chômeurs afin de les aider à retrouver un emploi. Mais depuis 2008, les
missions du service public de l’emploi ont pris un tournant radical. Les gouvernements
successifs ont tout d’abord culpabilisé les demandeurs d’emploi et leur ont attribué la
responsabilité de leur situation. Les discours politiques se gardaient bien d’évoquer un
problème systémique de pénurie d’emploi, dans un contexte où 300 000 offres d’emploi
sont non pourvues alors que 6 millions de personnes sont sans emploi. Au contraire,
les décideurs politiques ont attribué cette situation à « l’oisiveté » supposée des chômeurs,
seuls et uniques responsables d’une situation pourtant construite socialement et politi-
quement. En 2008, avec la fusion de l’ANPE et l’ASSEDIC, sur fond de crise économique
et d’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi, la direction de Pôle emploi a
demandé à ses agents de faire des gains de productivité pour gérer l’afflux.
Le chômage est un choix politique.
Les gouvernements successifs et Emmanuel
Macron de manière encore plus brutale,
ont choisi de s’attaquer aux personnes privées
d’emploi plutôt qu’au chômage.
Pierre Garnodier, Secrétaire général pour le Comité National CGT des Travailleurs
Privés d’Emploi et Précaires
Le service public de l’emploi a ainsi dévié de ses missions d’accompagnement et
d’insertion professionnelle vers une logique de contrôle. La mise en place d’un ac-
compagnement différencié des personnes privées d’emploi a surtout consisté à faire
moins pour la majorité des demandeurs d’emploi. Tout cela s’est traduit par une mise
à distance physique des usagers auxquels incombe désormais une partie des activi-
tés effectuées auparavant par les conseillers de Pôle emploi via différentes plate-
formes numériques. Les conseillers doivent suivre un grand nombre de demandeurs,
entre 800 à 1000 par agent. Les effectifs des conseillers indemnisation ainsi que ceux
rattachés à l’accompagnement ont fortement diminué au profit de ceux qui exercent
les missions de contrôle et donc de radiation sur les chômeurs. Pour exercer un