Page 67 - le barrage de la gileppe
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Le père de M. Stolsem, né en 1845, conduisait seul, à l’âge de neuf ans, un chariot
traîné par trois bœufs, transportant le charbon à Verviers.
Un jour qu’il travaillait dans le bois, ouvrant une éclaircie à travers les buissons
pour se ménager un passage, notre facteur dolhaintois découvrit les traces d’une
ancienne butte de charbonnier. On voyait encore le léger rebord circulaire à l’intérieur
duquel il ramassa des braises mêlées à l’humus.
Il nous précisa l’endroit de cette découverte : derrière l’ancien restaurant Thiber,
au-delà du lac de la Borchêne, sur la rive droite de ce ruisseau, un petit chemin
monte en zigzaguant. C’est au sommet de la sente, après avoir parcouru vingt-cinq à
trente mètres, qu’il découvrit les vestiges de cette ancienne butte de charbonnier.
En face de l’ancien pont Bodet existait un chemin portant le nom de « Voie du
charbonnier », en souvenir de cette industrie forestière.
Le pont Bodet
Puisque nous venons de citer son nom, donnons quelques notes sur ce pont
Bodet, bien qu’elles se situent, chronologiquement, en dehors de ce chapitre.
Sa construction est relativement récente : 1907-1908. Les vieux Jalhaytois lui
donnaient le nom de son constructeur : Clément Hendrick, entrepreneur à Goé, qui
devait, par la suite, faire un séjour au Congo.
Ce pont était l’aboutissement d’une voie projetée en 1904 déjà, destinée à relier
Herbiester à la route de Hestreux par la Gileppe.
En août 1905, le député Malempré interrogeait le ministre compétent : « Où en est
la construction de la route de Hestreux à Herbiester?», demandait-il. Le ministre
répondit que le service voyer était chargé de dresser le projet depuis janvier 1905 et
qu’il espérait qu’une adjudication serait faite « prochainement » par la commune de
Jalhay.
Le 22 novembre 1906, les plans étaient approuvés. Jean Bodet, entrepreneur,
demeurant aux « Quatre Chemins », a Jalhay, fut chargé de l’exécution des travaux.
L’année suivante, un sous-traitant, Clément Hendrick, commençait la construction du
pont, un solide ouvrage en pierre du pays, qui fut, hélas, inutilement démoli en 1939
par le génie, comme l’avait été la vieille Maison du Sabotier, à laquelle tant de
souvenirs se rattachaient.
Le « fond dè neûr ru » (le fond du ruisseau noir) où le pont Bodert fut érigé, fut le
cadre d’un événement tragique dont nous avons trouvé la relation dans un journal de
l’époque.
Le dimanche 11 juin 1905, un facteur des postes de Jalhay, Antoine Pauly, âgé
de vingt-six ans, disparut pendant sa tournée qui le faisait passer par l’extrême
pointe du lac de la Gileppe, vers les maisons forestières de Hestreux.
Ce jour-là, un orage épouvantable s’était déchaîné sur la région, à tel point que les
paroissiens de Membach ne purent se rendre à la grand-messe, tant la pluie et le
vent faisaient rage.