Page 68 - le barrage de la gileppe
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         Les ruisseaux étaient en crue et la passerelle - un tronc d’arbre équarri — enjambant le Louba,
       avait  été  emportée  par  les  eaux.  On  la  retrouva  le  lendemain  à  deux  cents  mètres  de  son
       emplacement.

         Auprès du tronc charrié par les eaux grossies, on découvrit le parapluie du facteur et des cartes

       postales échappées de sa mallette.

          .
         Sa famille et le personnel du barrage furent avertis de la trouvaille et se livrèrent à des recherches

       durant les jours qui suivirent. La gendarmerie de Dolhain, commandée par le maréchal des logis

       Jonas, procéda à des sondages, tandis que le juge Thimus ouvrait une instruction.

         Le mardi 20 seulement, on retrouva le corps d’Antoine Pauly, flottant à l’embouchure du Louba. Il

       portait des blessures à la tête et au visage, provoquées par les heurts contre les pierres dans le lit du
       torrent.

        Les poches de ses vêtements contenaient de l’argent, divers objets et sa montre, arrêtée sur deux
       heures. Le corps fut reconduit à Jalhay, dans sa famille.


       PENDANT LES TRAVAUX DE LA GILEPPE


          Le 25 février 1867 avait eu lieu l’inauguration de la première partie des travaux : les puits des deux

       rives et les galeries.


         Le 8 mai 1868, le projet définitif du barrage était remis au ministre des Travaux

       publics. Nous l’avons dit, l’auteur ne devait pas avoir la satisfaction de voit l’achèvement de son
       chef-d’œuvre : onze jours plus tard, le 19 mai 1868, Eugène Bidaut rendait le dernier soupir.


                                                          Le chantier


          Depuis un an déjà, dans la vallée de la Gileppe, des équipes d’ouvriers étaient arrivées et
       des baraquements déparaient le charme du décor.


          On voyait, à l’aval du futur barrage, des constructions en maçonnerie ou en planches :
       forges, ateliers de menuiserie, pavillon abritant le bureau des entrepreneurs, salle des machines. Le

       hangar à mortier n’avait pas moins de mille six cents mètres cubes de capacité !

         Le 1er avril 1867, on commença le creusement des puits. Un chemin de fer à petite section reliait le


       chantier à la station de Dolhain. Chaque jour, douze ou treize wagons amenaient à pied - d’œuvre la
       chaux de Tournai et le sable de Campine.


       La voie passait par la vieille route de Goé, qui longe la montagne de Limbourg, et cette dernière avait
       été percée à une centaine de mètres environ de la rue Haute (rue Oscar Thimus) pour éviter la
       boucle de la place du Marché et la rampe de la gare.

          Au sortir du tunnel (creusé sous la route de Limbourg, à peu près au-dessous de la petite maison

       blanche que l’on aperçoit au bas du « thier »), une longue passerelle conduisait de plain-pied à la

       gare des marchandises, après avoir franchi la Vesdre et la route de Dolhain. On peut encore voir,

       dans le rocher de l’antique voie de Goé, l’entrée du tunnel, comblé par des pierres. Les wagonnets
       étaient traînés par une locomobile ou par des chevaux.


          Ces renseignements nous ont été rapportés par une dame de Limbourg qui fut témoin des travaux.
       Elle se souvenait avoir vu passer les pièces détachées du lion ; elles étaient en pierre jaune ; le
       temps les a patinées.

         Ces renseignements nous ont été rapportés par une dame de Limbourg qui fut témoin des travaux.
       Elle se souvenait avoir vu passer les pièces détachées du lion ; elles étaient en pierre jaune ; le
       temps les a patinées.
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