Page 82 - le barrage de la gileppe
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Le premier peintre du barrage
En la séance du premier juillet 1878, le conseil communal de Verviers encodait la
lecture, par l'échevin Mallar, d'une lettre envoyée au Collège échevinal par un jeune
peintre Verviétois, Charles Boland. Il s’exprimait ainsi :
Messieurs, Le barrage de la Gileppe étant une œuvre extrêmement importante que
Verviers et les environs doivent à votre sage administration, j'ai pensé le représenter par
un tableau que je désire vous offrir en cadeau, en reconnaissance de ce que vous avez
daigné faire pour moi. Si vous me faites l'honneur de l'agréer, je compte lavoir achevé pour
le 24 juillet ; ainsi il vous serait remis trois ou quatre mois avant l’arrivée de Sa Majesté.
— M. Boland, continua l’échevin, a reçu de la Ville plusieurs subsides pour l’aider à
continuer ses études artistiques à Anvers. Je crois qu’il y a lieu d’accepter son offre avec
remerciement.
— D’autant plus que la reconnaissance est chose rare ! déclara le conseiller Loslever.
Ce premier tableau de la Gileppe, œuvre d’envergure par ses dimensions, a été brossé
par un Verviétois sourd-muet à qui la Ville avait accordé son aide pour ses études
artistiques. Il fit celles-ci à Anvers où il s’établit et mourut.
Sans être un chef-d’œuvre, cette toile est une représentation habile et consciencieuse
du barrage. Elle est datée du 28 juillet 1878 et orne le bureau des Eaux de la Ville depuis
l’ouverture de celui-ci.
Au moment de son exécution, les bâtiments réservés au personnel n’étaient pas encore
construits. Seule la maison du barragiste de l’Etat y apparaît telle que nous la trouvons
aujourd’hui. Dans la vallée, en aval du barrage, se dressent différentes bâtisses
disparues, parmi lesquelles la forge remplaçant celle qui fut détruite par l’explosion ; des
maisons servant de bureaux et de cantine, et le petit monument commémoratif élevé en
hommage à Bidaut, Donckier, Bodson et de Jamblinne.
Ce monument, élevé au pied du barrage, porte ces
inscriptions sur ses quatre faces, la dernière ayant
été gravée peu avant la guerre de 1914-1918 :
A Eugène Bidaut, auteur du projet de ce barrage,
né à Liège le 6 août 1808, décédé le 19 mai 1868 à
Bruxelles.
A Auguste Donckier, ingénieur, collaborateur au
projet de ce barrage, né à Liège le 24 mai 1831,
décédé à Goé- Limbourg, le 9 août 1866.
A Herman Bodson, ingénieur et collaborateur au
projet et aux premiers travaux de ce barrage, né à
Odeur, le 1 décembre 1806, décédé à Liège, le 28
mai 1871.
Au baron de Jamblinne de Meux, ingénieur-collaborateur de l'auteur de ce barrage, né
au château d’Emines, le 28 décembre 1820, décédé à Bruxelles le 28 avril 1912.
Au bas du tableau de Ch. Boland, on voit aussi le pont de pierre, très beau mais peu
pratique, qui fut démoli par lé G&nie belge le 10 mai 1940 et qui fit place à une passerelle
métallique, résistante et disgracieuse.
Au-dessus du barrage, enfin, on aperçoit la tente, surmontée d’un drapeau tricolore,
qui devait servir d’abri momentané à Léopold II, en cas de pluie, au cours de sa visite.
Elle fut heureusement inutile...