Page 86 - le barrage de la gileppe
P. 86

Encore des discours                                                                                    86

              Le souverain, nous l’avons dit, avait été accueilli par les compliments des bourgmestres
           de  Limbourg,  de  Membach  et  de  Verviers.  Le  vicomte  de  Biolley  prononça  à  son
           adresse une courte, respectueuse et flatteuse allocution.

               A   l’hôtel  de  ville,  M.  Ortmans-Hauzeur  parla  pour  la  seconde  fois.  Le  président  du
                   .
           Tribunal de Commerce lui succéda, cédant la place au président de la commission des
           Hospices. Celui de la « commission du Collège communal » vint ensuite, suivi de M. le

           doyen, du colonel de la garde civique, du président de la Société royale agricole... et ce

           n’était pas fini ! Le roi allait encore entendre des orateurs à l’inauguration des nouveaux
           quartiers,  au  banquet  et  à  l’heure  mélancolique  de  la  séparation  !  Un  reporter  les
           compta. Il y en eut vingt et un.


              Léopold II était parti de Bruxelles à 7 heures. Il ne devait rentrer au Palais qu’à 2 h 30
           le  lendemain  matin,  et  il  souffrait  de  douleurs  à  la  jambe  droite.  Mais  les  journalistes
           s’accordèrent  à  lui  trouver  une  bonne  grâce  inlassable  et  un  sourire  bienveillant.

           Grandeurs et servitudes du trône...


            L’heure de la poésie..  .



            Les habitants de la place Verte, où devaient avoir lieu, l’après-midi, les jeux d’eaux

            de   la nouvelle fontaine David, avaient fait d’excellentes affaires durant la semaine qui

            précéda ce dimanche mémorable. Ils louaient leurs fenêtres au prix exorbitant de 25 F !

            Un emplacement sur le toit s’obtenait pour 5 F.

            Autour de la place, ce n’était qu’une masse compacte de curieux, maintenue avec
            peine par les gendarmes et les policiers en grande tenue, renforcés par les gardes-
            civiques. Une chorale, qui répétait depuis des mois, chanta la cantate de deux
            Verviétois, L. Kefer et Karl Grun. Lorsque les lampions furent éteints, on se gaussa de la
            poésie...


            En voici une strophe :

            Au sein d'un frais vallon, aux forêts solitaires,

            où la fauvette sous les fleurs

            fait briser les échos des rochers séculaires


            et d'un doux charme emplit les cœurs.


            Le travail, la science ont bâti des merveilles


            qui, surprenant langage du futur,
            brilleront dans les plis des collines vermeilles,

            sous le grand dôme d'azur.


            Hourrah ! voici Veau qui s'élance,

            vers nous elle accourt par torrents.

            Au loin, dans la vallée immense,

            on entend mugir en cadence

            les cents rouages palpitants des énormes léviathans
   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91