Page 83 - le barrage de la gileppe
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              LE « JOUR V » DE LA GILEPPE


                  Le grand jour approchait... Un comité spécial avait été constitué à Verviers pour
              élaborer le programme des fêtes, et l’inauguration du barrage devait coïncider avec

              celle des nouveaux quartiers construits par la « Société Immobilière » (les boulevards
              de la ville). La date était arrêtée : le dimanche 28 juillet 1878.


                Les soirées du comité des fêtes



               Le comité tint des réunions chaque semaine. Elles se prolongeaient très tard dans la

               nuit et se tenaient dans une agitation fébrile. Les notabilités de l’endroit, les
               représentants de toutes les sociétés — et Dieu sait si l’on en comptait déjà ! —
               étaient convoqués.

               Quand le projet fut au point, une délégation se rendit au Palais et le soumit au roi

               Léopold II.

                  Le souverain l’examina avec attention... et effroi. La perspective d’une journée si
               chargée le rebutait, et les visages des mandataires Verviétois s’allongeaient pendant
               que Sa Majesté faisait des coupes sombres dans les détails de leur programme. Il
               fallut user d’une respectueuse insistance lorsque le roi refusa de visiter le nouveau

               quartier. Était-ce possible ?


               Devant la consternation de ses hôtes, le roi sourit et accepta, avec un soupir.

                Décors …

                  Pendant la nuit du samedi au dimanche 28 juillet, la ville de Verviers subit une

               transformation complète. On ne voyait partout que drapeaux, banderoles,

               oriflammes, tentures aux couleurs nationales et franchimontoises. La plus belle rue
               était celle « de la Tranchée » par où le roi devait faire son entrée à Verviers. C’était

               une avenue sablée, bordée de sapins et d’étendards. Un arc de triomphe avait été

               dressé, d’après le dessin de l’architecte Thirion.

               La décoration du jardin de la Société d’Harmonie avait été confiée à Ricard,
               l’artificier du roi. On avait parsemé les allées, les rochers et la colline de milliers de
               lampes vénitiennes et de verres coloriés. La façade allait être, le soir, brillamment
                 illuminée au gaz. Place Verte, la fontaine, face au vieux théâtre, et qui allait être

               inaugurée, elle aussi, émergeait d’un tapis de verdure.


               Parti de Bruxelles avant 7 heures, le train royal s’arrêta, le dimanche 28 juillet à 9 h
                 40 du matin en gare de Dolhain où le chef de station l’attendait cérémonieusement,

               tenant en main un képi neuf. Les cloches de l’église paroissiale sonnaient à toute
               volée et la petite ville était somptueusement garnie. Les préparatifs avaient coûté
               1.600 F à l’Administration communale ! Sur la route de Goé, un arc de triomphe,
               formé de balles de laine couvertes de branches de sapin était élevé devant le lavoir
               Pelzer.
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