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Odile Goerg / La génération des indépendances                157

         ailleurs toutefois, l’élite s’inquiète de l’impact des films sur la jeunesse et
          de ce que voient les catégories populaires, leur attribuant une moindre ca-
          pacité critique. La différence de goûts et de programmation en fonction des
         salles et des quartiers permet de répondre partiellement à cette préoccupa-
         tion. Ce  conservatisme  social s’accentue après l’indépendance, au nom
         d’une morale nationale, et la censure se raidit, sauf lorsque les tensions po-
         litiques impliquent de relâcher la pression dans un domaine au moins, les
         loisirs.






























          Photo 2 : Cinéma Vox de Kindia, Guinée. 2005. Image reproduite avec l'aimable autorisation de l'autrice.

                 En  AOF  également, les commissions  de  censure  sont obligées
         d’adapter leurs mesures, au-delà d’un discours de fermeté. Le décret de
         1934 reste la base légale, aussi bien pour la projection des films que les
         tournages. Il est réactivé par le gouvernement de Vichy de 1940 à 1942.
         Pierre  Boisson, Haut-Commissaire,  réaffirme la nécessité de préserver
         l’image des Blancs : « Les films cinématographiques qui mettent en action
         les conflits de races doivent être, en général, exclus des écrans de l’AOF.
         Les problèmes qu’ils évoquent, avec une intention parfois généreuse, mais
         qui risque presque toujours d’être mal comprise, sont un danger de malen-
         tendus chez les indigènes et les métis, qu’il convient d’éviter » .
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