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Odile Goerg / La génération des indépendances 163

particulier, la projection de certains films dont les sujets sont trop souvent
empruntés au monde du crime et de la prostitution, ou qui mettent en scène
des personnages dont l’exemple ne peut être que pernicieux (“westerns” et
films de gangsters notamment) ».
Dans ces dénonciations, le western est particulièrement stigmatisé. Ainsi,
selon une rumeur au Congo belge, des jeunes auraient essayé de faire dé-
railler un train après en avoir vu un . Priver ce public bouillonnant de son
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loisir favori est toutefois risqué et les attaques sont surtout verbales ; rares
sont les westerns interdits, comme Apache (Robert Aldrich avec Burt
Lancaster) en 1955 car il opposerait de manière trop manichéenne les In-
diens et les Américains .
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La jeunesse, au cœur des luttes d’influence, est perçue comme l’es-
poir de demain mais aussi comme un moteur de la contestation sociale et
politique. Elle se trouve prise entre les flatteries des colonisateurs qui font
d’elle la cible privilégiée de leur politique culturelle et les stratégies des na-
tionalistes qui œuvrent à sa mobilisation mais s’inquiètent volontiers de sa
frivolité, tout comme divers élus soucieux de préservation morale. Au prin-
temps 1954, les assemblées territoriales d’AOF coordonnent leurs efforts
pour exiger un durcissement de la censure, comme l’exprime Fily Dabo

Photo 3. Un théâtre en plein air à Sikasso, Mali, avril 1956. Image reproduite avec l'aimable autorisa-
tion de l'auteur ; Jean-Paul Sivadier.