Page 228 - Livre2_NC
P. 228
Sada Niang / La FEPACI et son héritage 219
De même, le groupe s'est penché sur l'explosion des outils techno-
logiques disponibles sur le marché à une époque où le cinéma africain était
encore en phase de développement.
Au stade actuel de développement des moyens audiovisuels, dans le monde et
particulièrement en Afrique, la télévision doit être complémentaire du cinéma .
62
L'espoir d'un changement politique radical était toujours présent sur le
continent en 1982, mais sa perspective avait été fortement atténuée par les coups
d'État successifs, l'appauvrissement accru de la population et la corruption gé-
néralisée. Le groupe de Niamey, contrairement à son prédécesseur d'Alger, a
décidé de faire appel au gouvernement local pour soutenir une forme d'art dont
les frontières politiques étaient redéfinies par des cinéastes moins enclins aux
déclarations idéologiques. Leurs recommandations portaient sur l'infrastructure
de l'industrie. Ils suggèrent que chaque État « organise, soutienne, sauvegarde
et développe son marché des salles de cinéma », que « des agences nationales
63
de billetterie, contrôlent les recettes des salles au profit du Trésor Public, des
propriétaires de salles et des producteurs de films », que des « sociétés natio-
nales de distribution » soient créées, que des « sociétés de financement du ci-
néma financées par les recettes du cinéma » soient créées et que la formation
des techniciens locaux du cinéma soit facilitée. Très peu de ces recommanda-
tions seront mises en œuvre et maintenues par les gouvernements locaux,
mais leur existence est le signe d'une conception plus globale du métier par
ses praticiens. Dans les années 1980, le cinéma avait dépassé son stade ini-
tial d'opposition sur le continent pour devenir une « vocation pour de nom-
breux jeunes ». N'étant plus exclusivement un argument politique, le cinéma
africain était confronté à des problèmes de production, d'infrastructure et
de diminution des fonds. La deuxième vague de cinéastes, dont Gaston Ka-
boré, constatant l'état déplorable de leurs films, dont l'exploitation est li-
mitée aux salles de cinéma locales, se plaint de la transformation de certains
des lieux les plus populaires en « souks », de la nécessité d'improviser ou
d'importer un soutien technique des anciennes puissances coloniales, de la
rareté des entrepreneurs africains désireux d'investir dans la réalisation de
films et de la mauvaise gestion des organismes publics créés pour promou-
voir l'industrie. Le « Communiqué final du premier festival et atelier du
film de la ligne de front », qui s'est tenu en 1990 à Harare (Zimbabwe), a
largement confirmé ces faits.
Dans une large mesure, ce document confirme l'échec de ses pré-
décesseurs à promouvoir leurs objectifs politiques et à convaincre les gou-