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             applicable aux besoins du tiers-monde. La deuxième partie est une tentative
             de donner une substance matérielle aux constructions analytiques discutées
             précédemment.

                     Depuis l'époque précoloniale jusqu'à aujourd'hui, la lutte pour se
             libérer de l'oppression a été menée par les masses du tiers-monde qui, en
             maintenant une identité culturelle profonde, ont rendu l'histoire vivante. De
             même qu'elles ont progressé agressivement vers l'indépendance, l'évolution
             de la culture cinématographique du tiers monde a suivi le chemin de la « do-
             mination » à la « libération ». Cette généalogie de la culture cinématogra-
             phique du tiers monde passe de la première phase, dans laquelle des images
             étrangères sont imposées au public de manière aliénante, aux deuxième et
             troisième phases, dans lesquelles la reconnaissance de la « conscience de
             soi » sert d'antécédent essentiel à la conscience nationale et, plus significa-
             tivement, internationale. Il y a donc trois phases dans ce dispositif métho-
             dologique.


             Phases des films du tiers-monde

             Phase I - L'assimilation sans réserve

                     L'industrie: Identification avec l'industrie cinématographique occi-
             dentale d'hollywood. Le lien est rendu aussi évident que possible et même
             les noms des entreprises proclament leur origine. Par exemple, la société
             cinématographique nigériane Calpenny, dont le nom signifie Californie,
             Pennsylvanie et New York, tente de se cacher derrière un acronyme, tandis
             que les sociétés indiennes, égyptiennes et hongkongaises ne craignent pas
             d'être qualifiées respectivement de « hollywood du tiers monde », « holly-
             wood sur le Nil » et « hollywood de l'orient ».

                     Le  thème:  Les  préoccupations  thématiques  hollywoodiennes  de
             « divertissement » prédominent. Dans cette phase, la plupart des longs mé-
             trages du Tiers-monde font du sensationnel pour l'aventure et s'intéressent
             à des thèmes d'évasion tels que la romance, les comédies musicales, les co-
             médies, etc.. Le seul but de ces industries est de produire des produits de
             divertissement qui génèrent des profits. La portée et la persistance de ce
             type d'industrie dans le tiers-monde résident dans sa capacité à fournir des
             fonds réinvestissables, ce qui quadruple leur pouvoir de survie. Par consé-
             quent, dans les cas où un mouvement contre-cinématographique s'est pro-
             duit,  l'industrie  nationale  existante  a  été  capable  de  l'ingérer.  Un  bon
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