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                     Lorsque Honba, le commerçant de Sango Malo, est confronté à
             des conditions commerciales défavorables, favorisées en partie par sa pro-
             pre cupidité et par le fait que Malo Malo démystifie les forces du marché
             pour les villageois, il se procure des prostituées pour contourner la demande
             des villageois en faveur d'un système de marché équitable. Cette démarche
             élargit stratégiquement ses zones de rentabilité. Le lien le plus fort entre
             sexualité et privilège se trouve peut-être dans La Vie est Belle. Dans cette
             farce burlesque, M. Nvouandu, impuissant, élite africaine occidentalisée,
             cherche un remède dans la médecine « traditionnelle ». Mais M. Nganga,
             le devin, exprime ce dilemme ainsi: « Ne pas bander pendant sa jeunesse,
             c'est un crime pour un homme aussi riche que vous ». Il est clair que cette
             conception associe la virilité à la richesse. Les suppositions de M. Nganga
             sur les valeurs « dominantes » sont donc le signe d'une crise sociale plus
             large. Comme l'a dit Ousmane Sembène:
                Une société qui a sa propre culture peut affronter toutes sortes de calamités et
                d'adversités en gardant la tête haute. Je dis toujours que si j'étais une femme, je
                n'épouserais jamais un africain. Les femmes doivent épouser de vrais hommes,
                pas des déficients mentaux  .
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                     Cette déclaration plutôt provocante ne concerne pas vraiment une
             affliction pathologique unique des hommes africains; ses pointes sont diri-
             gées vers un cadre politique et culturel qui cultive la soumission non critique
             à la « modernité ».

             Millieux

                     En fin de compte, l'idée de soi que les films propagent devient réa-
             lisable non pas en intériorisant l'extrême afin de reconstruire son identité
             fracturée. En effet, ce point est crucial pour l'observation de V. Y. Mu-
             dimbe:
                La marginalité désigne l'espace intermédiaire entre la soi-disant tradition afri-
                caine et la modernité projetée du colonialisme… Cet espace ne révèle pas tant
                que de nouveaux impératifs pourraient réaliser un saut dans la modernité que
                le fait que le désespoir donne à cet espace intermédiaire sa pertinence précaire
                et simultanément, son importance dangereuse… Il révèle la forte tension entre
                un passé mythique... Plutôt que d'être une étape dans le « processus d'évolu-
                tion » imaginé, il a été le lieu de paradoxes qui remettent en question les mo-
                dalités et les implications de la modernisation en Afrique  .
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