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Jude Akudinobi / Tradition/Modernité                         415

                 La séquence du talk-show sur « Les problèmes et les besoins de
          l'urbanisation moderne » dans Zan Boko, en particulier la régurgitation in-
         sipide des « remèdes » bourgeois par les officiels, fait écho à la préoccupa-
         tion de Malo. Dans le Quartier Mozart, Maman Thekla donne une sorte
         d'éducation à l'écolière, Reine de la Capuche, en dehors du programme
         « normal ». L'impératif moral de Kasarmu Ce ne découle pas des « tradi-
         tions » euro-modernes ou islamiques, mais de la sagesse intemporelle des
         haoussas  telle qu'elle  est exprimée dans  les paraboles  et  les  proverbes.
         Même La Vie est Belle, malgré toute sa frivolité, claironne la valeur de la
         persévérance.
                 En Bref, ces situations prouvent que l’access des personnes a la
         connaissance de soi, passe necesssairement par la reconquete de sa subjec-
         tiive et de son equilibre. En somme, toutes ces situations prouvent que l’ac-
          cess  d’un  personnage a la pleinne connaissance de soi,  passe
          necesssairement par une reconquete de sa subjectivité et de equilibre exis-
          tentiel.  Si les schemas discursifs qui determine les choix operé semblent
          recuser la « tradition », c'est peut-être parce que la « modernité » a refusé
          à l'africain une identité autonome et une autorité viables. Si les africains
         « modernisés »  apparaissent plus souvent qu'autrement comme les « mé-
         chants », c'est peut-être un indice de leur statut dans le « nouvel » ordre,
         habituellement marqué par l'autorité et les privilèges, mais indiquant aussi
         leur circonscription, dans la mesure où ils n'ont pas été capables de concilier
         adéquatement la complexité de l'existence africaine contemporaine, et dans
         la mesure où en exerçant leur nouveau pouvoir, ils reproduisent les ensem-
         bles de relations qui avaient jusqu'alors désavantagé l'africain.

         Conclusion

                 Ce que les films dont il est question ici font entre autres choses,
         c'est de donner au concept « africain » une représentation plus réaliste, com-
         plexe et plurielle. Kasarmu Ce, par exemple, illustre le triple héritage maz-
         déen,  arabe, islamique,  euro-colonial et  indigène à  partir duquel  tant
         d'africains contemporains tissent leur identité  . Ces films témoignent éga-
                                                  33
         lement de la lutte pour trouver un langage permettant d'articuler la tension
         idéologique générée  par  le fait  de présenter  l'héritage culturel  africain
         comme l'ombre de la modernité. Ainsi, la déconnexion du téléphone à la
         fin de Zan Boko accentue la disjonction au sein de l'Afrique contemporaine
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