Page 227 - LES FLEURS DE MA MEMOIRE ET SES JOURS INTRANQUILLES_Neat
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Un jour Didier venait d’entrer dans mon bureau, je lui fis remarquer que
les tableaux des ancêtres accrochés au-dessus du piano étaient de travers. Il
confirma avec assurance que c’était un acte volontaire de sa part, une façon de
faire remarquer qu’il les avait dépoussiérés pour éviter les remarques
injustifiées. Un jour, il était venu me faire la conversation, avec sa voix haute et
nasillarde, et de la fenêtre ouverte, on entendit la Vicomtesse de son étage
supérieur, hurler après Didier pour lui réclamer sa tisane et Didier répliqua
aussitôt par la fenêtre ouverte, sur le même ton et sans aucune délicatesse, lui
précisant qu’elle arrivait illico-presto !!!
Quant au gentil et patient Clément, chauffeur de la maison et plus
particulièrement au service du Comte, il avait fini par devenir mon chauffeur
attitré, lors de mes recherches urgentes de nouvelles matières. Dès que la
Vicomtesse n’était pas inspirée par un tissu qui ne s’harmonisait pas avec un
modèle et qu’elle souhaitait le changer, elle faisait appel à mes services pour lui
dénicher d’urgence la perle rare tant attendue. C’est alors que je sollicitais les
services de Clément, n’ayant pas mon permis de conduire, et il me laissait
toujours le choix du véhicule, soit la grosse Mercédès, soit la Fiat 500. Tant qu’à
faire, j’optais pour la Mercédès, puisque j’avais en option le chauffeur à ma
disposition. Finalement, le Comte, victime de mon caprice, se retrouvait devoir
utiliser la Fiat 500, sans chauffeur à sa disposition, pour se rendre à la banque
Rivaud dont il était l’administrateur. Mes courses urgentes se terminaient avec
Clément en s’offrant un verre au bistrot du coin le plus proche du lieu où nous
nous trouvions, ce qui ne gâchait en rien mes choix en matière de recherches de
tissus qui convenaient parfaitement à la Vicomtesse.
Un jour où nous avions rendez-vous en ville pour une sélection tissus,
Clément devait nous déposer dans le quartier du Châtelet où il y avait foule. Il
lui était impossible de stationner à l’adresse où nous devions nous rendre et il
s’arrêta à une centaine de mètres avant la destination. La Vicomtesse semblait
totalement perdue dans ce quartier de Paris qu’elle ne devait pas fréquenter et
ne savait absolument pas s’orienter. Je dus la rassurer, puis elle me suivit.
Il faut citer également le cuisinier de l’hôtel particulier, Massimo, ce grand
cuisinier italien rebaptisé Maxime, ce qui lui donnait un certain cachet, et
probablement en référence au célèbre bistrot et restaurant situé rue Royale à
Paris. Massimo s’occupait des repas quotidiens de la famille, mais également
des dîners de réception.
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