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de soie noir, retenu par un porte-jarretelles visible depuis le haut de l’échancrure de sa jupe.
               Ses escarpins vernis à très hauts talons aiguilles exacerbaient son fulgurant érotisme. Cette
               femme  qui  me  fixait  avec  insistance  depuis  mon  arrivée  me  troublait  indescriptiblement.
               J’étais impressionné par ce personnage qui me semblait sorti d’une bande dessinée érotique
               pour adultes, et qui semblait s’intéresser à moi. Par l’intermédiaire du barman, elle finit par
               m’inviter à boire un verre avec elle. Très rapidement, elle me fit des confidences, me révélant
               entre  autres  qu’elle  exerçait  le  plus  vieux  métier  du  monde  et  que  sa  spécialité  était  le
               sadomasochisme hard, spécificité que je ne connaissais pas encore, mais que cette curieuse
               rencontre n’allait pas tarder à me faire découvrir.
               Qu'est-ce que le sadomasochisme ? Il s'agit d’une pratique sexuelle qui utilise la douleur, la
               domination ou encore l’humiliation dans la recherche du plaisir. Le sadisme consiste à infliger
               des  souffrances  pour  accéder  au  plaisir,  et  le  masochisme  consiste  à  recevoir  cette  même
               souffrance. Les partenaires établissent donc une relation de dominant/dominé, où la mise en
               œuvre  de  violences  verbales  et  de  sévices  corporels  (mesurés)  va  leur  procurer  une
               satisfaction intense.
               Une rencontre, c’est d’abord un échange de regards, un appel non verbalisé et néanmoins très
               précis. Attiré par les êtres pittoresques sortant du commun et fleurant bon le luxe, j’acceptai
               l’invitation de cette femme surprenante, sublime et fantasmagorique. Chantal Engels de son
               vrai nom, star du milieu prostitutionnel, bien connue des services de police, vivait à Carouge,
               une commune rattachée  à Genève qui ne semblait rien vouloir faire comme les autres : un
               microcosme aux mille facettes. Chantal officiait là dans un petit appartement sous les toits.
               Elle  était  mariée  à  un  truand  exilé  au  Venezuela  après  avoir  été  expulsé  de  Suisse  pour
               quelques  méfaits  sans  grande  importance  mais  principalement  pour  proxénétisme  aggravé.
               Cet  homme,  qu'elle  aimait  encore  entre  haine  et  passion,  elle  était  incapable  de  l’oublier
               définitivement. Il correspondait toujours avec elle à coup de lettres émaillées de promesses
               qu’il ne respectait évidemment jamais. Le truand proxénète la tenait en haleine, tout en se la
               coulant douce en république bolivarienne aux frais de la belle brune.
               La  pièce  principale  de  l'appartement  dans  lequel  pratiquait  la  célèbre  courtisane  était
               principalement décoré de fouets de toutes dimensions, triques, martinets, spatules de cuir avec
               et sans clous, colliers de chiens, menottes, cagoules de cuir et de caoutchouc, chaînes à gros et
               petits maillons. Il y avait même une étagère bien en évidence réservée aux godemichés de
               toutes formes et de toutes tailles, jouets sexuels destinés à procurer des sensations fortes à sa
               clientèle.  Impressionné  par  le  décor  dans  lequel  présidait  cette  femme  incroyable,  je
               découvrais  l’attirail  complet  d’une  dominatrice  haut  de  gamme.  Parmi  tous  les  nombreux
               accessoires,  étaient  accrochées  au  mur  trois  toiles  de  moyennes  dimensions,  œuvres  de  la
               maîtresse des lieux : l’une représentait l’enfer, apocalypse et destruction, les deux autres, des
               miradors  dans  des  paysages  de  plaines  enneigées  entourées  de  barbelés.  Seul  élément
               solaire de cet incroyable lieu mansardé aux poutres apparentes, aux résonances mystiques, au
               décor quasiment subsaharien : un grand, magnifique plateau oriental antique en cuivre martelé
               venu  de  Perse,  posé  sur  des  pieds  en  bois  entrecroisés,  incrustés  de  nacre.  Trois  poufs
               orientaux  entouraient  le  plateau,  sur  lequel  un  très  joli  coffret  de  style  oriental,  lui  aussi
               marqueté de nacre, contenait un jeu de tarot divinatoire que la belle consultait chaque jour.
               Généralement, les clients de toutes les classes sociales qui fréquentaient le lieu avaient droit
               au  même  rituel.  A  peine  arrivés,  ils  se  dévêtaient,  prêts  à  obéir  aux  ordres  de  leur  belle
               maîtresse SM qui les insultait, avant de s’allonger à plat ventre sur le lit des supplices, bras et
               jambes attachés en croix. En guise d’échauffement, le pénitent commençait par recevoir une
               brève fessée, qui petit à petit augmentait d’intensité. Suivaient les coups de fouets, adaptés à
               l’endurance du soumis. Puis la partie torture pouvait commencer. Certains demandaient à être
               lacérés jusqu’au sang.



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