Page 239 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France Actions pédagogiques
le cannabis, je suis destinataire depuis longtemps d’un abondant
courrier. Il émane le plus souvent de mamans (jamais les pères ?
Parfois les oncles) qui me narrent, en des termes souvent différents,
une même histoire. Le gentil gamin, la gentille gamine qui, à partir
de « mauvaises fréquentations », a glissé dans le cannabis ; avec,
bientôt, la spirale infernale du décrochage scolaire, des fugues,
de la délinquance, du passage à d’autres drogues, de troubles
dépressifs, de tentatives de suicide (dont certaines ont pu aboutir
à la mort) et, parfois, l’entrée dans la schizophrénie. Un ouvrage
récent de Serge Lebigot (président de l’association « Parents
contre la drogue »), intitulé « Les dossiers noirs du cannabis »,
s’inspire de tels témoignages.
Face à ces parents déboussolés, les pouvoirs publics s’abritent
derrière le fait qu’ils ont mis en place des consultations cannabis.
Les parents qui veulent prendre rendez-vous pour leur adolescent,
victime de sa consommation et dans le déni des méfaits qu’il en
subit, s’entendent répondre que les seuls rendez-vous qui sont
pris, sont ceux sollicités par les adolescents eux-mêmes. Bref,
la structure existe, elle coûte à la collectivité, mais elle sait se
protéger d’un excès de sollicitation. Le fumeur de cannabis souffre
d’anosognosie ; il est incapable de percevoir les troubles qu’il
s’inflige du fait de sa consommation ; ces troubles que les parents
perçoivent mieux que quiconque, mais que l’on n’écoute pas.
L’écoute proposée par ces consultations semble, en caricaturant à
peine, prévue pour ceux qui ne veulent pas parler, qui n’ont rien à
dire ou qui ne peuvent plus le dire.
Nous avons souligné l’importance de la pédagogie sur la
prévention des toxicomanies. La loi de prohibition de 1970, est
surtout connue de ceux qui veulent la faire abroger. Non seulement
elle n’est pas expliquée, non seulement nul n’est préposé à la
justifier mais, pire encore, on trouve parmi ses contestataires
des addictologues appointés (sur fonds publics) pour traiter
les toxicomanies et, on pouvait l’espérer, pour en réduire la
prolifération. Les responsables de ce désastre sanitaire (« désastre »,
à l’aune du nombre impressionnant des usagers de drogues en
France), ont maintenant le toupet/le culot/l’outrecuidance de
se servir de ces chiffres pour réclamer la disparition d’une loi
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