Page 246 - Desastre Toxicomanie
P. 246
Le désastre des toxicomanies en France Actions pédagogiques
dans la prévention des toxicomanies, des individus qui seraient
toxicomanes. Dire cela n’est pas enfoncer des portes ouvertes, car
le monde de l’addictologie n’est pas exempt de toxicomanes (ce
n’est pas toujours fortuitement que certains choisissent ce métier).
Une conférence sur les méfaits du cannabis m’a laissé un
mauvais souvenir. C’était à l’École nationale de police d’Oissel (en
Seine-Maritime). Cette école forme, par promotions successives,
chaque année, plusieurs centaines de policiers. Ma conférence
s’y déroulait en tandem avec celle d’un adjoint du procureur de la
république de Rouen, qui venait restituer et expliciter les termes
de la loi de prohibition du cannabis ; cette loi qu’auraient à faire
respecter ces futurs policiers. À l’issue du premier exposé, un temps
était laissé pour poser des questions permettant, le cas échéant, de
compléter ou d’éclairer certains points complexes, ou d’indiquer
l’attitude à tenir dans des situations équivoques. Ce ne fut pas du
tout la tonalité des questions posées, puisque fusèrent alors des
déclarations d’opposition à la loi, allant même jusqu’à demander
sa suppression (pas moins). Le procureur, surpris, déclara qu’il
n’était pas là pour discuter la loi, moins encore pour la réécrire,
mais pour en expliquer les termes, pour indiquer l’interprétation
qui en était donnée et les conséquences que pourraient avoir le
fait d’y contrevenir. Intervenant après cette phase d’échauffement
d’une partie de l’assistance, l’atmosphère de ma conférence fut
bruyante, agitée. J’identifiais dans l’assistance un « formateur »
qui, dans le vaste amphithéâtre (600 places), organisait depuis sa
place, une véritable obstruction. Je le priais d’arrêter ses menées
obstructives. Comme il n’obtempérait pas je le mettais en demeure,
s’il ne quittait l’amphithéâtre, que je le quitterai et irai expliquer
à sa hiérarchie pourquoi je renonçais à poursuivre mon exposé. Il
sortit de l’amphithéâtre et je pus enfin, tranquillement, m’exprimer.
Quand vint le moment des questions, personne dans l’amphi n’en
posa. Par contre, à la sortie, une vingtaine de jeunes hommes et
de jeunes femmes se succédèrent pour m’interroger, aimablement,
posément, sur plusieurs points de mon exposé. Voulant comprendre
le climat de fronde émergeant de quelques groupes, on m’expliqua
qu’un des « formateurs » avait été frustré que ces deux conférences
aient été organisées en dehors de son initiative. J’ai surtout compris
246