Page 50 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France
de l’addiction. Ajoutons à ces divers éléments une saveur souvent
perçue comme excellente, différentes vertus suggérées, alléguées
ou démontrées (aphrodisiaques, antihypertensives, antistress,
modificatrices du microbiote intestinal...) et l’on comprend
pourquoi le chocolat connaît une consommation en pleine
expansion. Pourtant, il plane une menace (alimentant les terreurs
qui sous-tendaient l’esprit de la COP 21) ; dans les années 2080, le
cacao pourrait disparaître, en raison des dérèglements climatiques.
La consommation excessive de chocolat reste limitée, car le
support de tous ses principes actifs, le beurre de cacao, est riche
en graisse. Il produit à hautes doses, une réplétion qui peut virer au
dégoût, voire à la « crise de foie » ; cet effet aversif impose à ses
consommateurs de se tenir à distance de son excès.
Il existe un risque, que m’a fait percevoir une lettre émanant
d’un syndicat interprofessionnel du chocolat. Mon correspondant
savait ma familiarité scientifique avec le cannabis mais n’avait
manifestement pas perçu que j’en étais un détracteur sans
concession. Sa demande s’exprimait en substance : puisqu’il y a
dans le chocolat de l’anandamide, un cannabinoïde peu puissant
par voie orale (car rapidement dégradé) qui, pour développer
des effets semblables à ceux du cannabis et de son THC, devrait
être administré à très hautes doses, n’y aurait-il pas un produit
chimiquement très voisin de l’anandamide, mais beaucoup plus
efficace, dont l’ajout, à de faibles doses (indétectables à l’analyse,
caché qu’il serait derrière les concentrations bien plus élevées
d’anandamide), contribuerait à accroître l’appétence pour le
chocolat ? Demande qu’on traduira, sans contorsion de langage :
Comment pourrait-on rendre le chocolat plus addictif, pour
accroître sa consommation ? L’imagination mercantile est sans
limite ; ainsi des « malhonnêtes » sont prêts à trafiquer notre
parfait chocolat pour le rendre beaucoup plus addictif, sans se
préoccuper que cela pourrait, en outre, accroître l’appétence pour
d’autres drogues.
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