Page 54 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                               Le tabac sans enfumage



                 épreuve de rattrapage offerte aux abstinents, par la conscription
                 obligatoire. Dans l’atmosphère débilitante, oisive et enfumée de
                 la chambrée (que certains voudraient réhabiliter), les « cigarettes
                 de Troupes », étaient offertes à raison de six paquets par mois.
                 Au départ, c’était  beaucoup trop pour un bidasse non-fumeur,
                 mais cela lui permettait de devenir fumeur. Après 12 ou 18 mois
                 de « service », ces nouveaux initiés à l’herbe de Nicot, pour
                 satisfaire leur consommation croissante, devaient compléter leur
                 approvisionnement par l’achat de paquets supplémentaires. Ainsi,
                 au  sortir  du  service  militaire  ils  étaient,  comme  cela  paraissait
                 prévu et  organisé  (sinon quelle  impéritie)  inféodés  à la  SEITA
                 (Société d’exploitation industrielle des tabacs et allumettes). Ce
                 n’est qu’en l’an 2000 que l’État s’est dégagé de la SEITA et s’est
                 enfin ému des méfaits du tabac.
                   C’est à ceux qui ont été piégés par l’addiction au tabac dès
                 l’enfance  (par les P4) ou qui ont été rattrapés  lors du service
                 militaire  (par « les  Troupes ») que la  toxicité  du tabac  donne
                 rendez-vous, une trentaine d’années plus tard (aujourd’hui), dans
                 les hôpitaux et les morgues, car le tabagisme est à l’origine d’une
                 véritable hécatombe.
                   Une enquête de l’INPES indiquait qu’en 2010 trois Français
                 sur 10 fumaient quotidiennement,  ce qui correspondait à une
                 augmentation de 2 points par rapport aux chiffres de 2005. Bonne
                 nouvelle (rien à voir avec la prison du même nom, à Rouen, où
                 le tabac règne en maître), la consommation de cigarettes baisse
                 de 20 % environ depuis l’avènement de la cigarette électronique.
                 L’optimisme que cela pourrait susciter doit être contenu, en raison
                 d’achats transfrontaliers. Pendant le premier semestre 2015, cinq
                 cents tonnes de cigarettes de contrebande ont été saisies. Ce chiffre
                 est historiquement le plus élevé ; la France est le premier pays
                 européen pour le trafic de cigarettes. Plus de 26 % des cigarettes
                 vendues en France en 2014 l’auraient été sur le marché parallèle.
                   S’agissant de la chicha (pipe à eau), son usage occasionnel se
                 situe à un niveau relativement faible, de l’ordre de 3 %.
                   Le Languedoc-Roussillon, l’Aquitaine et la région Provence-
                 Alpes-Côte d’Azur ont une proportion d’usagers quotidiens de
                 tabac plus élevée que dans les autres régions françaises, parmi


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