Page 52 - Desastre Toxicomanie
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Le désastre des toxicomanies en France                                                                                               Le tabac sans enfumage



                 humides que le consommateur extrayait d’une feuille de plastique
                 ou de cellophane, qui empêchait sa dessiccation. Le chiqueur en
                 taillait une rondelle ; la mâchouillant il l’imprégnait de salive, puis
                 la coinçait entre gencive et joue. La nicotine s’en libérait au long
                 cours, diffusait au travers des muqueuses de la cavité buccale et
                 arrivait  dans le  torrent  circulatoire.  Par intermittence,  quand la
                 salive emplissait sa bouche, le chiqueur éliminait ce trop-plein, en
                 un jet marron sur le trottoir.
                   La version moderne de la chique est représentée par le snus/
                 snuss. Il est largement consommé en Suède et en Norvège, alors
                 qu’il est interdit dans les autres États européens. La poudre de
                 tabac y est mélangée à divers ingrédients et arômes. Cette poudre
                 humide peut être moulée en de petits magdaléons/cylindres, que le
                 consommateur insère entre gencive et lèvre supérieure.
                   Ces modes de dispensation buccale de la nicotine sans fumée,
                 épargnent les voies respiratoires ; exit les bronchites et cancers
                 broncho-pulmonaires. Cependant, chique et snuss pourraient être
                 responsables de leucoplasies et de cancers buccaux ; ils ont aussi
                 été suspectés d’être à l’origine de cancers du pancréas.
                   Une modalité de dopage a été récemment décrite ; elle consiste
                 à mastiquer, dès avant un effort bref et intense, une poudre de
                 tabac  très riche  en  nicotine  mélangée  à  de  la  poudre  de  verre.
                 Cette dernière crée dans la muqueuse buccale une multitude de
                 petites  suffusions hémorragiques  capillaires,  qui  permettent  un
                 passage soudain et intense de la nicotine dans le sang. Il en est
                 attendu un décuplement de la volonté de produire l’effort. Fumer
                 le tabac est contre-productif chez le sportif, en raison de l’oxyde
                 de carbone (CO - engendré par sa combustion) ; ce gaz réduit la
                 capacité de l’hémoglobine de transporter l’oxygène des poumons
                 vers les muscles. La fumée induit également une inflammation de
                 la muqueuse des voies aériennes, qui réduit leur calibre et, partant,
                 les performances ventilatoires.
                   Le tabac est surtout fumé : pipes, narguilés, ninas, cigarillos,
                 cigares et surtout cigarettes. Comme les connaissances sur le tabac
                 sont largement diffusées et qu’il faudrait des livres épais pour
                 restituer les connaissances accumulées, nous n’évoquerons ici que
                 quelques données importantes et quelques autres moins connues.


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