Page 212 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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168             MÉDICAMENTS INDUISANTDES MODIFICA770NS COVALENTES DE L'ADN

             7.   MÉCANISME D'ACTION
             Le mécanisme de l'effet cytotoxique est lié étroitement à la réactivité chimique des
             nitrosourées. Au cours des premières heures qui suivent leur administration, sont formés
             le diazohydroxyde qui se fixe sur I'ADN (agent alkylant) et l'isocyanate qui, en réagissant
             avec les groupements nucléophiles des protéines, les inactive (agent carbamoylant)
             (schéma 16).

                                                                  R
                                                 N
                                         Cl-=N-OH         +  O=C-N
                                              [AN              i Protéines
                                                              NHA
                                                          2

                                     - CI



                       action alkylante                   action carbamoylante
               Schéma 16

               7.1.  ACTIVITÉ SUR LE CYCLE CELLULAIRE
               La cinétique d'incorporation de la thymidine tritiée et les mesures de cytométrie de flux
               montrent que les nitrosourées modifient le déroulement du cycle cellulaire. À forte con-
               centration (sur cellules L1210), la carmustine induit une accumulation dose-dépendante
               des cellules en phase G0-G1 au détriment de la phase G2M. À l'inverse, en présence de
               fotémustine, les cellules s'accumulent en phase tardive Set/ou en phase G2M quelles
               que soient les concentrations.
               7.2. ACTIVITÉ ALKYLANTE
                L'activité cytotoxique des nitrosourées résulte d'une action alkylante sur les groupements
                nucléophiles des acides nucléiques (action prépondérante) et/ou de protéines, induisant
                des anomalies telles que, pour l'ADN, des cassures ou des pontages intra- ou intercaté-
                naire qui affectent le devenir cellulaire. Cependant, malgré les nombreux travaux réalisés
                depuis 1975, le mécanisme d'action des nitrosourées n'est pas totalement élucidé.
                  Les sites d'alkylation concernent principalement les N' et O° de la guanine ; d'autres
                sites puriques et pyrimidiques seraient impliqués : N?-adénine, O?-cytosine, O? et 0%-
                thymine, mais également O des groupes phosphate (cf. Généralités alkylants). Même si
                les nitrosourées (à part la carmustine) ne comportent qu'un groupement 2-chloroéthyle,
                il a été montré sur de !'ADN purifié qu'il s'établissait des pontages interbrins avec, dans
                une première étape, la formation d'un ADN chloro-(ou hydroxy)éthylé (monoadduit), qui
                évolue lentement vers la forme pontée.
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