Page 468 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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426               MEDICAMENTS INDUISANTOUSTABILISANTDES COUPURESDE L'ADN


             2.3.3.  Étude pharmacologique
             2.3.3.1.  MÉCANISME D'ACTION
             La distance entre les deux fonctions amine du WP-631 apparait optimale (7 À) pour qu'il
             se comporte en agent bisintercalant. Sa plus grande efficacité résulterait d'une meilleure
             sélectivité de séquence et d'un temps de liaison plus prolongé. Il se lierait à une séquence
             de six paires de bases (pb) du type 5'GC(AT)'(AT)GC par intercalation des deux chro-
             mophores entre les deux nucléotides GC, le bras de liaison se localisant dans le petit
             sillon, couvrant les deux bases AT centrales, comme tendent à le confirmer les études
             de fusion de l'ADN réalisées avec un fragment d'ADN comportant 214 pb (214-mère).
               La constante de liaison de ce bisintercalant, qui devrait être le carré de celle du mono-
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             mère (1,6x10/M' pour la daunomycine), n'est que de 2,710 'M-'; ceci tient notam-
              ment à la diminution des liaisons hydrogène établies avec l'ADN ; il n'est pas observé de
              liaison hydrogène entre le groupe 3'-amino et la concavité du petit sillon de l'ADN,
              comme dans le complexe avec la daunomycine. Par ailleurs, la daunosamine est plus
              éloignée du fond du petit sillon dans le WP-631 et enfin le nombre de molécules d'eau
              impliquées dans le complexe au niveau de ce petit sillon est diminué : l'introduction de
              groupements hydrophiles sur le fragment central xylyle pourrait à cet égard constituer
              une voie de pharmacomodulation efficace. Il n'en reste pas moins que l'affinité de liaison
              reste très forte et comparable à celle de nombreuses protéines régulatrices pour leurs
              sites spécifiques au niveau de l'ADN.
                Le WP-631 inhibe, à la faible concentration de 60 nM, l'initiation de la transcription
              in vitro, activée par le promoteur Sp1 d'origine humaine, dans des conditions expérimen-
              tales où il agit comme transactivateur de gènes ; il apparaît 15 fois plus efficace que la
              daunomycine dans ce test.
              2.3.3.2.  ÉVALUATION DE LA CYTOTOXICIT
              Les essais d'activité in vitro ont fait apparaître que le WP-631 est aussi efficace sur une
              lignée cellulaire d'un carcinome mammaire devenu résistant (MCF-7/VP16) que sur la
              lignée sensible correspondante.
                Évaluation in vitro de la cytotoxicité du WP-631 et de la doxorubicine.

                                                  Cl, (M)
                   lignée cellulaire
                                       doxorubicine         WP-631
                      MCF-7              0,9±0,5            4,8± 2,5
                    MCF-7/VP16          14,2±0,8            2,5± 3,4

              2.4.  ANALOGUES DISACCHARIDIQUES
              2.4.1.  Structure, mode d'emploi
              L'accès au disaccharide 46 est réalisé à partir du 3,4-di-O-acétylfucal 39. Après addition
              d'alcool p-méthoxybenzylique p-MBnOH) et libération des fonctions alcool en 3 et 4, con-
              duisant à41, une estérification sélective par le chlorure de p-nitrobenzoyle (p-NBzCl) con-
              duit à l'intermédiaire 42. La formation d'une liaison diaxiale entre 42 et le thiopyranoside
              43 s'avère délicate; elle est réalisée par formation d'un cation iodonium en présence de
              perchlorate d'iodonium dicollidine (PIDC). Le clivage oxydatif du groupep-méthoxybenzyle
              de 44 conduit à l'alcool 45 qui, réestérifié par le chlorure de p-nitrobenzoyle, fournit 46.
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