Page 772 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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730 MODIFICATEURS DE LA REPONSE IMMUNITAIRE, VACCINS, ANTICORPS MONOCLONAUX
Tableau 6 : Nomenclature utilisée pour les anticorps monoclonaux
segment indicatif de l'origine segment indicatif de la cible
homme -U- bactérie -ba(c)- tumeur côlon -co(l)-
rat -a- virus -vi(r)- testicule -go(t)-
primate -l- cardiovasculaire -ci(r)- ovaire -go(v)-
souris -(m)o- immunomodulateur -li(m)- sein -ma(r)-
chimère -xi- mélanome -me(l)-
humanisé -zu- prostate -pr(o)-
divers -tu(m)-
préfixe libre
suffixe général -mab
terme additif il précise la nature de la partie conjuguée dans le cas des anticorps
radiomarqués ou des conjugués avec une toxine
ou avec une autre substance chimique
Exemple:
segment indicatif
préfixe libre suffixe général dénomination
de la cible de l'origine
lin- -tu- -Zu- -mab lintuzumab
(divers) (humanisé)
edre- -col- -0- -mab edrecolomab
(côlon) (souris)
Structure des anticorps : un anticorps est constitué de quatre chaînes peptidiques,
deux chaînes identiques légères et deux chaînes identiques lourdes, qui forment un « Y »,
Le site de liaison à l'antigène est situé à l'extrémité des bras de l'Y, chaque bras cons-
tituant le fragment Fab (antigen binding fragment). La fonction effectrice localisée à la
base de l'Y, est désignée par Fe. Chaque chaîne légère comprend un domaine variable
V et un domaine constant C,, chaque chaine lourde un domaine variable V,, et trois
domaines constants G+.a. La notation domaine constant fait référence à une séquence
en amine-acides invariable pourune classe d'immunoglobuline donnée chez une espèce
déterminée. La notation du domaine variable correspond à une variabilité de séquences
qui explique les différences de liaison et de spécificité entre les différents anticorps pour
les antigènes correspondants. Les portions du domaine variable qui reconnaissent
l'antigène sont appelées COR (complementarity-determining reg ions) et sont au nombre
de six sur chaque bras (trois sur le domaine V_ et trois sur le domaine V). Le sigle SCFV
désigne une chaîne simple, parfois utilisée comme segment de ciblage, comprenant les
régions variables des chaînes lourdes et légères reliées par un bras flexible.
Dans un anticorps chimérique, toute la partie variable est d'origine animale (par ex.
murine) et est fusionnée avec le domaine constant d'un anticorps humain. Dans l'anti-
corps humanisé, seulement les six CDRs humains sont remplacés par six CDRs murins
(figure 4). L'évolution de la production d'anticorps d'origine murine vers des anticorps
chimériques puis humanisés correspond à la nécessité de contrôler trois inconvénients
majeurs lors de l'utilisation de mAbs au moins en partie murins : la réponse immunitaire
de l'hôte (anticorps humains antisouris), la clairance sérique rapide, un recrutement limité
des cellules immunitaires. Le recours à des anticorps humains, accessibles aujourd'hui
au plan technologique, doit permettre de contourner ces difficultés.