Page 724 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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17 MÉDICAMENTS DU MÉTABOLISME PHOSPHOCALCIQUE                685

           Les études montrent qu'un hydroxyle, et surtout un hétérocycle azoté ou une fonction
           amine, fixés sur le carbone central accroissent sensiblement l'activité. Celle-ci parait
           encore renforcée par adjonction d'un groupement lipophile sur la fonction amine.

           5.   MÉCANISME D'ACTION

             •  Vis-à-vis de l'hydroxy-apatite : les diphosphonates ont une affinité élevée pour la
           surface des cristaux avec déplacement de groupes orthophosphoriques. Leur dépôt
           superficiel (chimisorption) altère la croissance, l'agrégation, mais aussi, à l'inverse, la
           dissolution de l'hydroxy-apatite. Le mécanisme intime de ce phénomène, purement
           physicochimique et fonction de la concentration locale en phosphonate, reste actuel­
           lement mal élucidé.
             •  Au niveau des ostéoclastes : la morphologie cellulaire en culture et in vivo est
           altérée, mais malgré d'assez nombreuses études expérimentales, notamment enzy­
           matiques, on connaît mal la répercussion de ces perturbations au plan biochimique. Il
           y aurait concentration des produits à la surface des cellules sous leur forme acide
           libre, favorisée par un pH local bas. La perméabilité ionique membranaire de la bor­
           dure en brosse des ostéoclastes serait augmentée et le gradient de concentration en
           protons aboli. D'autre part, la différenciation des cellules-souches des ostéoclastes et
           leur accès à la matrice osseuse sont freinés. In vitro l’étidronate est antagoniste des
           effets pro-ostéoclastiques de la parathormone.

           6.   DONNÉES PHARMACOCINÉTIQUES ET MÉTABOLISME

           D'une façon générale, les diphosphonates traversent très mal, quoique rapidement, la
           barrière digestive et le pourcentage de résorption intestinale ne dépasse guère 5 % en
           raison notamment de leur caractère ionique marqué. Cette absorption est encore
           diminuée en période de digestion et en présence de cations divalents ou d’antiacides.
             La fraction absorbée circulante apparaît peu fixée aux protéines plasmatiques sauf
           pour le pamidronate. Elle disparaît rapidement, partie par captation osseuse, partie
           par élimination urinaire. Par contre, la demi-vie d'élimination est considérable, le relar­
           gage osseux pouvant demander plusieurs mois chez l'Homme.
             Le métabolisme est inexistant en raison de la grande stabilité chimique de la liaison
           C-P. De ce fait, les diphosphonates constituent un bon exemple de "hard drug“ selon
           Bodor.

           7.   ACTIVITÉ THÉRAPEUTIQUE

          7.1.  INDICATIONS
          Trois manifestations pathologiques sont a priori justiciables des diphosphonates :

          7.1.1.  La maladie de Paget
          Les diphosphonates bloquent le remodelage osseux excessif qui caractérise cet
          affection par une action à plusieurs niveaux, notamment sur les ostéoclastes et I
          cristaux d'hydroxy-apatite.
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