Page 847 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
P. 847

808                  Mf-DICAMHNTS EN RELA TION A VEC DES SYSTÈMES HORMONA UX

           Les rétinoïdes présenteraient enfin une action antipromotrice en entraînant des modifi­
           cations biochimiques complexes :
           -  augmentation des jonctions de type gap, qui correspondent à des complexes jonc­
             tionnels intercellulaires assurant la communication entre cellules contiguës et per­
             mettant le passage des signaux électriques, ioniques et même moléculaires ;
           -  diminution de l'activité ornithinedécarboxylase (ODC) qui contrôle la synthèse des
             polyamines (spermine, spermidine et putrescine) impliquées dans la prolifération
             cellulaire ;
           -  modification des activités protéinekinases A et C (AMPc ou Ca++ dépendantes),
             intervenant dans les mécanismes de la différenciation. La trétinoïne augmente la
             sensibilité de la protéinekinase C à l'action de certains promoteurs.

           1.5.3-   Effets immunomodulateurs
           Les propriétés immunomodulatrices de la vitamine A sont connues depuis 60 ans.
           Dès cette époque, il a été observé qu'un apport diminué de rétinol accroît la sévérité
           et la fréquence de diverses infections et que la vitamine A accélère les rejets de greffe
           de peau par exemple. Etudiées sur les rétinoïdes, ces propriétés restent cependant
           d'interprétation difficile du fait de leur grande disparité selon le rétinoïde et la concen­
           tration utilisés.
            1.5.3.1.   IMMUNITÉ À MÉDIATION CELLULAIRE
             Sur les polynucléaires neutrophiles :
              Les rétinoïdes (isotrétinoïne, acitrétine) réduisent significativement in vivo et in vitro
            le chimiotactisme des polynucléaires neutrophiles et inhibent la capacité des polynu­
            cléaires à migrer à travers l'épiderme (d'où leur effet spectaculaire dans les formes
            pustuleuses de psoriasis), mais ne semblent pas affecter de façon notable leurs fonc­
            tions phagocytaire et bactéricide.
              Sur les monocytes-macrophages :
              Les résultats sont contradictoires : effet stimulant sur la production des interleu­
            kines 1 et 3 ou inhibition de la migration monocytaire et de l'expression des récep­
            teurs pour la portion Fc des anticorps ?
              Est observée en outre, une stimulation quantitative et fonctionnelle des cellules épi­
            dermiques de Langerhans au cours du traitement du psoriasis, du lichen plan ou de
            l'épidermodysplasie verruciforme.
              Sur les lymphocytes T :
              L'étrétinate et l'acitrétine inhibent in vitro la transformation lymphoblastique induite
            par les mitogènes, sans action cytotoxique. La trétinoïne réduit de même la capacité
            de prolifération des lymphocytes en culture mixte lymphocytaire.
              En revanche, l'acitrétine et l'isotrétinoïne stimulent la lymphocytotoxicité antitumo­
            rale, d'où probablement l'efficacité démontrée des rétinoïdes dans la prévention pré-
            épithéliomateuse cutanée.
              Cependant, l'administration de rétinoïdes n'affecte in vivo ni la réponse aux mito­
            gènes, ni le nombre de lymphocytes CD4 +, CD8 + et T circulants, mais entraîne
            même une stimulation quantitative et fonctionnelle de ces derniers chez des patients
            atteints d'épidermodysplasie verruciforme.
              L'acide rétinoïque inhibe la sécrétion d'interféron alpha et gamma et réduit l'effet de
            l'interféron béta sur les monocytes et celui de l'interféron alpha sur les cellules
            "Natural Killer".
   842   843   844   845   846   847   848   849   850   851   852