Page 848 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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            19. LA VITAMINE A ET LES RÉTINOÏDES

            1.5.3.2.  IMMUNITÉ À MÉDIATION HUMORALE
            L'influence des rétinoïdes sur la sécrétion d'immunoglobulines par les lymphocytes B
            semble dépendre de l'antigène, du rétinoïde et de sa concentration.
              Aux posologies usuelles, les rétinoïdes ne modifieraient pas le nombre des lympho­
            cytes B circulants, ni le taux plasmatique des différentes immunoglobulines, mais cer­
            tains auteurs ont rapporté un effet stimulant de l'acide rétinoïque et de l'isotrétinoïne
            sur la sécrétion d'immunoglobulines.
            1.5.4.  Effets anti-inflammatoires
            Les rétinoïdes exercent en partie leur action bénéfique dans certaines dermatoses
           grâce à leurs propriétés anti-inflammatoires désormais bien établies sur des modèles
           d'inflammation non spécifique chez l'animal.
             Les rétinoïdes diminuent in vitro la libération d'acide arachidonique et s'opposent à
           la synthèse des prostaglandines ainsi qu'à celle des leucotriènes sans inhiber la
           cycloxygénase ni la lipoxygénase.
             Ils empêchent l'action de la phospholipase A2 (PLA^ (inhibition enzymatique ou
           modification de son implantation dans la membrane). Par ailleurs, l'inhibition de la
           fixation du dimère AP1 sur l'ADN (cf. première partie 6.2.4.) peut aussi justifier leur
           action anti-inflammatoire.
           1.6.  INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES

           Les rétinoïdes sont de puissants agents thérapeutiques dont les indications cliniques
           se sont largement diversifiées au cours des dernières années.
           1.6.1.   En dermatologie
           Les acnés, dont les acnés papulo-pustuleuses, représentent l'indication majeure de la
           trétinoïne et de l'isotrétinoïne, seules ou en association avec d'autres molécules (anti­
           biotiques et (ou) anti-inflammatoires). Ces rétinoïdes induisent un effet sébosuppres-
           seur par dédifférenciation et hypoplasie des glandes sébacées.
           1.6.1.1.   LES TROUBLES DE LA KÉRATINISATION
           Les ichthyoses (et états ichthyosiques), les kératodermites palmoplantaires, la maladie
           de Darier ont vu leur traitement radicalement modifié avec l'introduction des réti­
           noïdes. Si la trétinoïne semble active, ce sont l'acitrétine et l'étrétinate qui sont les
           médicaments de choix de ces maladies cutanées.
             Dans les ichthyoses, ces deux médicaments n'exercent qu'un effet suspensif avec
           un taux de réussite de l'ordre de 60 à 70 %. L'activité se manifeste après quelques
           semaines (l'optimum se situant au 3e mois de l'administration) ; la récidive se produit
           généralement dans le trimestre qui suit l'interruption du traitement.
             La maladie de Darier est une dermatose parfois familiale et héréditaire, caractérisée
           par une éruption de papulocroûtes cornées brunes ou grisâtres au niveau de la face,
           du cou et de la poitrine. La maladie est jugulée dans la quasi-totalité des cas, y com­
           pris dans ses formes hyperkératosiques les plus marquées.
             Si le traitement reste toujours suspensif, la vie du patient est profondément amélio­
           rée justifiant impérativement une dose d'entretien adéquate réalisant un compromis
           entre efficacité et tolérance.
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