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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
Il faut admettre humblement que notre éducation aussi est très
primitive, qu’elle est très loin d’être parfaite ou sacrée, mais qu’elle
touche à quelque chose de sacré en effet, notre cerveau. Cette prise
de conscience, dépouillée de tous les dogmes, de tous les condi‑
tionnements, précède cette formule, tout aussi sacrée, qui selon
moi est la clé pour transformer l’enfer en paradis en éducation,
d’un coup d’un seul :
« Il ne faut pas forcer le cerveau à ressembler à notre école,
Il faut forcer notre école à ressembler à notre cerveau. »
De même que pour le téléobjectif à plusieurs milliers d’euros,
c’est au boîtier de s’adapter à la chose précieuse qu’il transporte, pas
l’inverse et, in fine, le cerveau ne devrait même pas être confiné dans
des boîtes, aussi prestigieuses, prisées et récompensées soient‑ elles. Le
cerveau est plus ancien, vénérable, sacré et raffiné qu’Harvard, Oxford
ou que l’École Normale Supérieure, et c’est à lui de donner des leçons
à ces entités fugaces, pas à elles de le soumettre à leur forme. Les
universités ne sont que des restaurants de connaissances. À l’instar
de Léonard de Vinci, on peut se passer d’elles pour exceller dans la
vie. Par contre, l’excellence ne peut se passer d’amour, et c’est pour
cela que l’écrasante majorité des grands diplômés des plus grandes
universités ont sombré dans l’oubli, parce que pour tout intellec‑
tuellement conformes qu’ils furent, l’amour ne les animait plus. Or,
encore, celui qui échange l’amour contre la conformité fait une très
mauvaise affaire. Alors, puisque la pédagogie est dans la répétition
(qui est stigmergique, puisqu’elle renforce nos rivières cérébrales) :
« Il ne faut pas forcer le cerveau à ressembler à notre école,
Il faut forcer notre école à ressembler à notre cerveau. »
Plus on s’imprègne de cette formule, plus on quitte la caverne du
conditionnement. L’enfer se dissipe et l’on entre dans un monde
nouveau, bien plus riche que celui que nous quittons. Si l’huma‑
nité était une personne, on pourrait dire qu’elle s’est prise d’une
manie pendant un à deux mois de son existence. Cette manie, ce fut
l’industrie. Peu à peu, nous avons forcé les choses autour de nous
à lui ressembler : notre école, notre société, nos villes, la nature,
tout notre environnement devaient ressembler à ce nouveau dieu
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