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DANS L’ÉDUCATION
                  le problème est là. Pourtant, l’école est un restaurant de savoirs,
                  c’est un lieu qui devrait nous donner envie de vivre pour manger, et
                  pas seulement de manger pour vivre ! On ne devrait jamais souffrir
                  à l’école, ce qui ne veut pas dire que l’on n’y fournira pas d’effort,
                  mais l’effort passionné n’est pas de la souffrance.

                  Effort vs souffrance
                    Il ne faut donc pas, cependant, confondre souffrance et effort.
                  Dans un jeu, dans une compétition, les efforts fournis sont très
                  élevés, mais ils ont une signification, une motivation puissante, et
                  sont délibérément prolongés. L’effort délibéré, on l’a vu, est la base
                  de l’excellence. Et pour le produire dans la plus grande quantité
                  possible, il faut de l’amour.
                    La matrice Love Can Do nous permet de distinguer quatre
                  grands types d’acteurs parmi les gens de métier :
                    •  Celui qui fait son métier parce qu’il l’aime et parce qu’il sait
                  le faire est un acteur « au‑ dessus de la mêlée ». Son excellence est
                  sans égale dans son métier. Aujourd’hui, c’est le cas d’Apple, de
                  Tesla, d’Hermès…
                    •  Le suiveur a le même savoir‑ faire que l’acteur « au‑ dessus de
                  la mêlée » : il ne travaille pas par passion mais d’abord parce qu’il
                  y a un marché. Les biens et services qu’il délivre le démontrent,
                  et il n’est généralement pas l’usager de ses propres produits.

                    Les garages de la Silicon Valley – ces lieux où sont nés Hewlett‑
                  Packard, Apple, Google, Fairchild Semiconductor, Amazon, Tesla –,
                  qui correspondent pour beaucoup à la bottega de la Renaissance,
                  voient le jour non pas parce qu’il y a un marché, mais par amour.
                  Ils ne se lancent pas dans le métier parce qu’ils savent le faire
                  (leur savoir‑ faire est souvent minimal par rapport à celui de leurs
                  concurrents), mais parce qu’ils adorent le faire. Du coup, la totalité
                  de leur connaissance est ultérieurement acquise par passion, ce que
                  Steve Jobs a parfaitement résumé en ces termes :

                       « Les gens disent qu’il faut avoir beaucoup de passion pour ce
                    que tu fais, et c’est totalement vrai, et la raison est que, c’est parce
                    que  c’est  si difficile,  que  n’importe  quelle personne  rationnelle,
                    autrement, va laisser tomber. C’est vraiment dur, et vous allez devoir


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