Page 141 - 266687ILJ_CERVEAU_cs6_pc.indd
P. 141

LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
                    le faire sur une longue période alors si vous  n’aimez pas ça, si vous
                    ne prenez pas de plaisir à le faire, si vous  n’aimez pas ça pour de
                    vrai, vous allez abandonner. Et en fait, c’est ce qui se passe pour
                    la plupart des gens. Si vous regardez les gens qui sont considérés
                    comme “couronnés de succès” aux yeux de la société, bien sou-
                    vent, ce sont des gens qui adoraient ce qu’ils faisaient de sorte
                    qu’ils ont pu persévérer, quand c’est devenu vraiment dur. Et les
                    autres, qui n’aimaient pas ça, ont abandonné… parce qu’ils sont
                    sains d’esprit ! Qui voudrait continuer un truc aussi difficile s’il
                    n’aime pas ça ? Donc c’est beaucoup de travail, dur, et beaucoup
                    d’inquiétude, et si vous n’aimez pas ça, eh bien, vous allez échouer,
                    c’est tout. Alors oui, il faut de l’amour, il faut de la passion. »

                    Toute la bureaucratie, dans nos sociétés, préfère la conformité
                  à la passion. À l’école, dans les examens, les concours, puis dans
                  les recrutements, chaque fois que cette chaîne doit choisir entre la
                  conformité et l’amour, elle choisit la conformité. Comment s’éton‑
                  ner de ce qu’elle produise autant de malheur et de souffrance ? La
                  conformité n’est pas une fin en soi, et elle ne remplira jamais une
                  vie humaine, elle ne vous fera jamais vous lever heureux et vous
                  endormir épanoui… Qui aimerait dire avant de mourir : « J’ai vécu
                  conforme ! » ?
                    Les biens et services qui n’ont été fabriqués que pour un marché
                  ou, pire, par corvée, portent sur eux cette souffrance, cet ennui.
                  « Pourquoi fabriques‑ tu des voitures ? » demande‑ t‑on au fabricant
                  de Trabant. « Eh bien, parce que le comité central me l’a demandé,
                  camarade. Moi je voulais être vétérinaire, au départ, mais on m’a
                  dit : tu fais des voitures, donc je fais des voitures. Du coup, je me
                  suis fait chier à la construire, tu vas te faire chier à la conduire,
                  tout va bien. »
                    C’est la situation de l’entrant forcé (la pire d’entre toutes les
                  situations), c’est‑ à‑ dire celui qui fait son travail parce qu’il y est
                  obligé. Dans notre éducation, la majorité des élèves et la majo‑
                  rité des professeurs ont le moral d’un entrant forcé. Ce n’est pas
                  leur faute, c’est la structure que nous avons conçue qui encourage
                  cette situation, parce qu’elle considère l’enthousiasme et la passion
                  comme anti‑professionnels et qu’elle préfère un enseignant blasé,
                  mais dans le moule, à un enseignant passionné qui défie les cadres.


                  140








         266687ILJ_CERVEAU_cs6_pc.indd   140                                     02/09/2016   14:39:00
   136   137   138   139   140   141   142   143   144   145   146