Page 39 - Le grimoire de Catherine
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enfants, à l’écart de tout cela pour leur sécurité. On chuchotait que sous  le couvert de
              déplacements    professionnels,  des  marchands    ambulants  ainsi  que  des  artisans
              passaient  des  messages  aux  différents    groupes    de  résistants  disséminés  dans  la
              région.  Il  y  eut  même,  une  fois,  un  accrochage    avec  les  soldats  allemands.  Mal
              préparés, ils  avaient dû faire rapidement  volte- face.

              Un jour, grande  surprise, un soldat SS  s’était présenté  dans le village, il se rendait.
              Malgré la -réticence  du Maire, le groupe de résistants le recueillit. Ils logèrent  chez le
              marchand de cycles et prirent soin de lui. Tout le monde  était invité  à  venir le voir  tel
              un trophée ! Il était décrit  comme un gentleman qui,  en plus, jouait parfaitement  du
              piano ! Cela  dura plusieurs jours, puis il  disparut…quand  il revint, il n’était plus  seul !
              Entouré      d’une    brigade    motorisée,  il  désigna    la  maison  dans  laquelle    il  avait
              « hébergé », elle  fut immédiatement incendiée, puis commença la rafle des hommes, le
              pseudo prisonnier les reconnaissait un  à un, il avait   partagé un verre de  vin avec l’un,
              rit avec un autre. Ils allaient tous mourir, ainsi  fut  constitué  le  funèbre  cortège qui
              arriva  ce  27 août 1944 sur la place de l’église.

              André et Jeanne  n’oublièrent  jamais, ils racontaient, racontaient des  soirées  entières,
              exorcisant    ainsi  leurs  peurs,  leurs  chagrins.  Requiem  pour  ceux  qui  voulaient  la
              Liberté !










































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