Page 100 - le barrage de la gileppe
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Le 75° anniversaire du barrage 100
Entre ces deux dates : la catastrophe de la Soor et l’inauguration du mémorial à ses
victimes, la ville de Verviers avait commémoré le 75e anniversaire du barrage de la
Gileppe.
Les deux premiers anniversaires, le 25° et le jubilé, avaient donné lieu à des fêtes
grandioses. Les trois quarts de siècle de l’ouvrage d’art furent célébrés beaucoup plus
modestement, par nécessité budgétaire...
Les cérémonies eurent lieu les 5 et 6 septembre 1953. Une fontaine lumineuse dont le
montage, l’aspect et le fonctionnement capricieux (et le coût relativement élevé) furent
l’occasion de critiques dans la presse, fut érigée au square Lekeu, au haut de la rue de la
Concorde. On donna un concert dans les jardins de la Société d’Harmonie et un banquet
que le gouverneur, M. Clerdent, honorait de sa présence, fut offert au Grand-Théâtre.
Dans les locaux de l’Ecole technique provinciale se tint le congrès des Eaux douces
auquel assistait M. Meurice, ministre du Commerce extérieur. De nombreux rapports
furent soumis aux discussions, l’un, de l’ingénieur M. Poncelet, étant consacré aux
précipitations exceptionnelles de la région des Hautes Fagnes (et ce fut l’occasion de
rappeler le drame du 8 juillet 1952).
On étudia le régime de la Hoëgne et le rôle des « sphagnetalia » dans la vie des
tourbières des Hautes Fagnes, et le rapport, présenté par M. R. Bouillenne, professeur à
la Faculté des sciences de l’Université de Liège, provoqua une riposte de M. Nys,
professeur à l’Ecole des Hautes Etudes de Liège, qui contestait le rôle, attribué aux
tourbières, de retenir les eaux souterraines pour les distribuer avec lenteur, même en
période de sécheresse.
Le contradicteur fit remarquer qu’Eupen et Verviers manquaient d’eau, pendant le
XVIIIe siècle, dans un temps où l’épicéa ne poussait pas encore sur nos hauts plateaux.
Et si le barrage de la Gileppe fut construit, c’est parce que la Fagne n’était pas le
pourvoyeur providentiel en temps de disette... La section vota un vœu en faveur de la
création d’une commission spéciale, « dans le but de mettre au point, d’une manière
objective, ce qu’il convient de penser des rôles comparatifs des hautes tourbières et des
forêts, dans le régime des eaux sur le plateau des Hautes Fagnes ».
Au terme de ce congrès, le bourgmestre Houget rendit hommage à la mémoire de son
prédécesseur du siècle dernier, Ortmans-Hauzeur, de Victor Doret, des ingénieurs Bidaut
et Donckier.
M. Emile Burguet, échevin des Travaux, après avoir décrit à longs traits l’histoire de
la Gileppe, lut le procès-verbal de la pose de la première pierre du barrage,
en 1868. Le ministre Meurice annonça enfin que le Gouvernement n’avait pas
abandonné le projet d’exhaussement de douze mètres du barrage, retardé par les
restrictions budgétaires... Une fois de plus !