Page 101 - le barrage de la gileppe
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VIDANGE ET CURAGE 101
Nous avons écrit plus haut, en parlant des années de grande sécheresse, que la dernière
— 1959 — favorisa les desseins du Service des Ponts et Chaussées. Le moment était
opportun, deux mois avant l’hiver et alors que le barrage ne retenait plus que 4 millions de
m3 d’eau, de vider un lac qui avait déjà perdu les deux tiers de son contenu.
Après avoir soumis sa proposition au ministère et reçu son accord, M. De Clercq,
commissaire du Gouvernement au barrage de la Gileppe, obtint l’assentiment de la ville de
Verviers, et, le mardi 3 novembre 1959, à midi, les quatre vannes d’évacuation étaient
ouvertes.
Cette opération était attendue depuis 1948...
En juin de cette année d’après-guerre, le ministre des
Travaux publics, assisté de M. De Clercq, était l’hôte
des Verviétois et tenait une conférence à l’hôtel de ville
où s’étaient réunis les membres du Collège échevinal et
un groupe d’industriels.
Il leur avait annoncé le programme des travaux dont
nous avons déjà parlé : on établirait une liaison entre les
deux barrages et, dès son achèvement, on viderait le lac
et on surélèverait le mur de retenue.
Le tunnel de la Soor serait percé et détournerait les
eaux de crue de cette petite rivière, tributaire du bassin
hydrographique de la Vesdre à Eupen.
On a vu, dans les pages qui précèdent, que ce programme fut modifié et amputé :
l’exhaussement était remis aux calendes grecques...
Le creusement du canal de la Soor avait, en effet, rassuré les industriels Verviétois qui
n’appréhendaient plus de disette pour l’avenir, sauf dans l’éventualité de deux années
sèches consécutives. Ils n’avaient donc aucun intérêt immédiat au doublement de la
capacité du réservoir et des conséquences économiques que cet accroissement pouvait
entraîner.
Et le Gouvernement, n’étant l’objet d’aucune sollicitation verviétoise en faveur de
travaux onéreux, classa un projet si peu désiré dans un moment où la conjoncture
internationale appelait un effort financier de grande envergure.
Les ingénieurs du Service hydrologique n’avaient cependant pas changé d’avis. Après
l’inauguration du barrage d’Eupen, on nous apprenait que celui de la Gileppe allait être
mis à sec au cours de l’année, afin de procéder à une campagne de reconnaissance à
travers son énorme masse de maçonnerie. Des prélèvements, pratiqués au fond d’un
puits de sondage, révélèrent une notable déperdition de chaux.
Le ministre était gagné à la cause de ses collaborateurs, mais des raisons budgétaires
firent avorter plusieurs fois le projet de ces derniers. La menace qui pesait sur le monde
occidental préoccupait gravement les milieux gouvernementaux à l’époque.
Au 75° anniversaire du barrage, le ministre réitéra son intention de vider le lac, mais
on n’en fit rien. Nouvelle promesse en 1954 : au mois d’août, le ministre des Travaux
publics informait l’Administration communale que le barrage serait mis hors charge
l’année suivante...