Page 104 - le barrage de la gileppe
P. 104

104

                  Les essais furent finalement entrepris, mais, étant pratiqués sur trop petite échelle,
               on ne pouvait en tirer des conclusions valables. Il fallait attendre 1960 pour
               apprécier, en toute connaissance de cause, les qualités des eaux comparées,
                 Gileppe et Eupen.

                  Cependant, les travaux entrepris pour construire un petit batardeau et installer un
               raccordement entre la colonne d’Eupen et le lavoir Despa eurent une autre
               conséquence, préjudiciable à certains industriels Verviétois, si nous nous en
               rapportons aux explications que l’échevin des Travaux donna aux conseillers
                 communaux qui l’interrogeaient : le Service des Eaux de Verviers avait été invité à
                   acuer du réservoir de la Gileppe deux à deux millions et demi de mètres cubes.
               év
               Cette « purge » aurait provoqué dans le lac, selon M. Burguet, un remous en
               profondeur qui eut pour conséquence d’augmenter le nombre de colibacilles. En
               septembre 1957, l’Administration communale invitait la population à faire bouillir l’eau
               avant de la consommer. Cette eau était tellement trouble que dans certaines usines
                 textiles où des matières délicates étaient traitées, des lots entiers furent
               en
                   dommagés. Fallait-il attribuer à la baisse de niveau cette soudaine contamination ?
               Certains techniciens ne le pensèrent pas.


                  Au moment des fortes crues, des échantillons prélevés à l’embouchure d’un
                 ruisseau se déversant dans le lac, le Jélonru, descendant de Herbiester, avaient fait
                   paraître une pollution due aux infiltrations des fosses à purin du hameau
               ap
               Jalhaytois. Cette contamination était déjà constatée en 1909 par le garde général
               Pollet, des Eaux et Forêts et, cinquante ans après, les mêmes observations se
               confirmaient. De fortes crues pouvaient être à l’origine de la pollution, comme ce fut
               le cas en juin 1960 au plateau de Herve.

                   Il y a cent ans, l’utilisation de cette chaux répondait à l’expérience de l’époque, et
               aucun reproche ne peut être adressé à l’ingénieur Bidaut.
               Cette erreur, absolument excusable, pouvait être corrigée par des injections
               massives de ciment dans le barrage et même dans les roches constituant son
               assise.

                  Mais une autre erreur avait été commise, tout aussi pardonnable si l’on songe que
                 Bidaut ne pouvait se référer qu’à deux ouvrages de même conception en Europe,

               celui d’Alicante, en Espagne, et du Furens, en France, où les prises d’eau avaient
               été ouvertes au fond du lac.

                  L’envasement était fatal et on le vit bien quand
               le barrage fut mis à sec : on trouva jusqu’à 1,50 mètre de vase ! Le remède consistait
               à échelonner les prises d’eau à quatre niveaux différents, de manière à puiser dans
               des zones limpides.


                   Capté de la sorte, le flot coule dans des galeries d’admission d’un diamètre

               beaucoup plus large, pour se déverser par des vannes de 1,80 mètre de diamètre
               qui, nouvel élément de sécurité, peuvent se fermer automatiquement.
               Le curage de l’aqueduc

                  Les avis différaient donc sur les causes de la turbidité et de
               l’insalubritémomentanée de l’eau de la Gileppe. Ils étaient partagés au sein du
               Conseil communal de Verviers, où les uns estimaient que l’on devait, de toute
               urgence, curer l’aqueduc alors que d’après les autres, ce curage était inutile et
               peut-être même dangereux.
   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109