Page 109 - le barrage de la gileppe
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Que de jolies promenades on devait faire, entre Gilminster et la Pieresse, ou de la Roche
Picot au sentier de Néau ! Au bas du chemin, un vieux pont de pierre enjambait la Gileppe
et dans ses eaux limpides on voyait surgir, entre deux pierres, l’éclair argenté d’une truite.
Quand la mise à sec du bassin rendit accessible (à condition d’être chaussé de bottes !)
l’ancien cours du ruisseau, les chemins réapparurent, recouverts d’une boue épaisse,
avec, çà et là, des troncs noircis ou des branches d’un blanc de plâtre .
Nous descendîmes le chemin de la
Roche Picot, entre deux talus où se
tordaient les racines des chênes qui,
jadis, ombrageaient la voie, large de
deux mètres. Le chemin descendait
vers le petit pont dont nous
retrouvâmes les culées en moellons et
les madriers noircis, mais intacts, après
quatre-vingt-cinq ans d’immersion. La
voûte, en pierre, avait été démolie et
remplacée par une passerelle Un tronc
d’arbre, jeté d’une rive à l’autre, deux
piquet dressés entre lesquels subsistait
un vestige de garde-fou, c’est tout ce
qui restait du vieux pont près duquel
s’amorçait une levée de terre.
A notre droite, en descendant de la Roche Picot, non apercevions un chemin dénudé,
montant vers Hoboster. A gauche, un sentier se dirigeait vers le « gué du milieu », dans la
direction du ruisseau de Borchêne. Mais une voie, beaucoup plus apparente après
l’assèchement, menait vers Béthane pour aboutir à l’emplacement de la maison du
garde-forestier, M. Soupart. Elle s’appelait « lu route dè fond d’I’èwe » (la route du fond de
l’eau).
Traversant la vallée et suivant le
cours de la rivière, s’étendait, très droite
et accentuée par ses rebords, la voie
de la Gileppe, rectifiée et devenue un
chemin d’exploitation L’ancien val de la
Gileppe. Hun après avoir été une sente
capricieuse épousant les méandres du
ruisseau, au temps des « visitations »
du XVIII° siècle. En face de nous, sur la
rive droite, un autre » chemin remontait
vers Membach et Eupen : « lu pazè
d'Ncyawe » (le sentier de Néau).
Un garde forestier nous y conduisit
au voisinage du crin de Roche », cité
dans les actes anciens. Un sentier y
menait, traversant le bois de Hoboster
et aboutissant à cette faille, large de 50 à 70 centimètres et située exactement en
face du rocher de Méjonru (en wallon « Médjonru ») en aval du confluent d’un ruisseau,
celui du Trou Malbrouck. On pouvait aisément enjamber cet étranglement où les eaux
tourbillonnaient dans une sorte d’aiguigeois.