Page 107 - le barrage de la gileppe
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L’occasion était unique de le vider entièrement, puisque le barrage d’Eupen 107
retenait une masse d’eau inutilisée et qui remplacerait celle de la Gileppe pendant
tout le temps nécessaire aux travaux.
La Ville ayant donné son accord aux propositions de M. l’ingénieur De Clercq, la
vidange fut décidée. Fixée tout d’abord au 31 octobre, on la postposa au mardi 3
novembre.
Et ce jour-là, à 11 h 45, les vannes furent ouvertes au fond des puits, profonds d’une
cinquantaine de mètres, creusés de chaque côté du barrage. Des ouvriers
fontainiers tournèrent les manivelles actionnant des vis sans fin qui soulevaient
lentement les vannes. Très lentement : pour les élever de 45 centimètres, il ne fallait
pas moins de huit cent cinquante tours ! Cette modération était voulue, pour empêcher
un choc brutal dans les canalisations. Deux des quatre bouches de vidange ouvertes
en aval du barrage, dans la vallée, au bas d’un mur de moellons, laissèrent échapper
des flots d’un brun rougeâtre. Les deux autres décharges furent ouvertes quelques
heures plus tard.
Le ruisseau de la Gileppe, qui se jette dans la Vesdre à Béthane, roula des flots
tumultueux, et la Vesdre accusa un coup d’eau qui noya les prairies riveraines. Le matin, le
lac contenait trois millions et demi de mètres cubes. Un million fut évacué en vingt-quatre
heures, mais la pression tomba avec la baisse du niveau, et ce n’est que le dimanche 8
novembre que le flot s’arrêta, la limite des prises d’eau étant atteinte.
Au pied du barrage, une mare de 70 000 à 80 000 m3, constituée en grande partie par de
la vase, était inévacuable.