Page 105 - le barrage de la gileppe
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Cependant, les constructeurs du barrage avaient estimé que l’aqueduc devait être
nettoyé tous les dix ans. Le dernier raclage de ses parois, sur ses 8.469 mètres de
longueur, remontait à vingt-six ans, en 1932 ! Depuis lors, on n’avait procédé qu’à
des nettoyages partiels.
a
En mars 1958, la commission des Travaux du Conseil communal résolut de visiter un
tronçon du canal, pour se rendre compte de son état d’envasement.
Précédés des ingénieurs et des fontainiers, quelques conseillers et journalistes se
rendirent à la Cuve des Roches, le bassin situé au-dessus du cimetière de Verviers, où
aboutit l’aqueduc et d’où partent les grosses colonnes d’alimentation vers Dison, Ensival,
Renoupré et la ville.
L’aqueduc, construit en solide maçonnerie, a 2,50 mètres de largeur et 2,50 mètres de
hauteur, et son niveau d’immersion est normalement de 1,60 mètre à 1,65 mètre. On avait
abaissé celui-ci pour qu’une barquette puisse y circuler sans que les navigateurs
souterrains se cognent la tête contre la voûte.
La sonde dont les ingénieurs s’étaient munis révéla une couche de sédiment épaisse de 3
centimètres, couche durcie et qui ne pouvait donc pas troubler la nature des eaux.
Néanmoins, la commission se réunit après cette visite et se prononça pour le curage de
l’aqueduc.
Les deux premiers tiers du travail, à partir du barrage, furent raclés par le personnel des
Eaux, sous la direction des ingénieurs de la Ville, sans interrompre la distribution. Les
sections étaient successivement isolées et la quantité d’eau demeurant à l’aval était
suffisante à l’alimentation du réseau. Après le curage, une lame envoyée du barrage dans
le canal le rinçait des matières détachées de ses parois. Le dernier tiers, le plus proche de
la ville, ne pouvait être nettoyé sans un arrêt complet de la distribution, puisqu’il n’existait
plus de réserve disponible en aval.
Pour entreprendre ce dernier travail, on choisit un samedi, jour de chômage dans les
usines, et la population fut invitée à s’approvisionner d’eau pour vingt-quatre heures. Une
firme spécialisée avait été chargée de l’opération, qui s’effectua normalement.
Mais lorsque les eaux furent à nouveau libérées, une fuite se déclara dans un point où
l’aqueduc surplombe légèrement le sol, dans la Campagne de Bronde, à Stembert. La
brèche s’élargissant rapidement, des torrents dévalèrent le versant, et quelques maisons
situées au bas de la pente, à Renoupré, furent inondées, ainsi que l’entrée de la route de
Verviers-Dolhain, où le passage des véhicules fut momentanément suspendu.