Page 106 - le barrage de la gileppe
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Le statut modifié 106
Nous avons dit plus haut qu’en 1955, la Chambre de Commerce et d’industrie de
Verviers s’était prononcée pour le maintien du statut dont bénéficiait la Ville depuis la
construction du barrage, sauf modifications de détails qu’elle se déclarait prête à étudier.
Des assurances formelles lui avaient été données à ce moment : « D’aucuns, avait
déclaré un haut fonctionnaire, craignent une subordination plus grande du statut de la
Gileppe au pouvoir de l’Etat. A cette question, on peut répondre par la négative en
s’inspirant de la politique suivie par le Département dans la construction de tous les
ouvrages analogues, considération qui est encore renforcée du fait, unique en la matière,
que la Ville de Verviers a supporté, seule et sans subsides, la construction des prises
d’eau et des canalisations de distribution, ce qui enlève aux pouvoirs supérieurs toute
possibilité et toute justification de l’imposition d’un prix quelconque pour la fourniture de
l’eau à la sortie du barrage. »
On n’en fut que plus surpris lorsque, en août 1959, l’Administration communale fut
informée que le Gouvernement se proposait de modifier ce statut juridique et administratif.
Il faut rappeler ici que le 13 juillet 1860, la Ville de Verviers avait déposé une demande
de construction d’un réservoir dans la vallée de la Gileppe, pour y emmagasiner les eaux
de fortes crues, et que les deux millions et demi de francs or qu’elle avait consentis à cette
fin allaient être employés — selon le rapport de la section centrale de la Chambre — « à
prendre l’eau et à la conduire par des canaux dans les communes où elle serait distribuée
». Un arrêté royal du 1er février 1866, complété au bénéfice de la Ville par un autre arrêté
du 21 décembre 1897, concédait donc à la Ville cette prise d’eau qui restait propriété de
l’Etat. Or, ce dernier avait l’intention de reprendre à sa charge prises d’eau et galerie s.
La population de ’ l agglomération Verviétoise ’ s émut à cette nouvelle. Le Collège
échevinal de Verviers en saisit son Conseil communal, ceux des communes suburbaines,
la Fédération patronale de ’ l industrie textile et les syndicats ouvriers.
les
Si communes voisines et les organisations syndicales se prononcèrent résolument
pour le statu quo, les industriels, plus réalistes, ’ s efforcèrent ’ d obtenir des garanties quant
au maintien de la qualité, de la quantité et du bas prix de ’ l eau fournie à leurs usines.
Mais tout le monde fut bientôt rassuré. Le statut juridique et administratif allait être
modifié, sans doute, mais la Ville serait déchargée ’ d une lourde responsabilité qu ’ elle
pouvait difficilement supporter financièrement : la réparation de ’ l ouvrage ’ d art incomberait
désormais ’ l à Etat et la Ville pouvait continuer à capter à la sortie du réservoir —
’ c est-à-dire aux installations situées en aval, près de la maison du barragiste — toute ’ l eau
nécessaire à la population et ’ l à industrie.
L’opération vidange
Il y avait donc des réparations à entreprendre, notamment celle des vannes situées au
fond des galeries creusées dans la montagne, des deux côtés du barrage, et l’on saisirait
l’occasion pour curer ces galeries.
L’année précédente, à l’initiative du commissaire du Gouvernement, des hommes-
grenouilles avaient plongé jusqu’aux grilles retenant les feuilles mortes, les déchets et les
poissons à l’entrée des galeries. Ils avaient eu grand- peine à les découvrir et à les
photographier, tant elles étaient couvertes de vase. Il fallait donc, là aussi, pratiquer un
bon nettoyage, le premier depuis 1875 !
L’année 1959 avait été une année sèche, nous l’avons dit. A la mi-octobre, le lac ne
contenait plus que quatre millions de mètres cubes d’eau, le tiers de sa contenance
normale.