Page 103 - le barrage de la gileppe
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                 Des craintes s’étaient élevées dans les milieux industriels et communaux à propos
               de cette mise hors service du barrage. Mis à sec, le réservoir le resterait peut-être
               durant trois ans, pendant lesquels il se couvrirait de végétation. Celle-ci dénaturerait
               pour un laps de temps prolongé la qualité des eaux, comme ce fut le cas en 1875 où le

               réservoir ayant été inondé pour la première fois, consommateurs et industriels reçurent
               une eau trouble et malodorante, obligeant les administrateurs communaux à vider la
               cuvette pour procéder à un curage radical, herbes et arbustes étant fauchés à ras du

               sol.

                 L’Administration communale et les industriels estimaient que le barrage-poids avait
               victorieusement résisté à l’épreuve du temps, sa chaux s’étant durcie et soudée aux
               moellons, en un massif monobloc.

                 De leur côté, les techniciens des Ponts et Chaussées, se basant sur les
               prélèvements opérés dans cette masse, concluaient qu’elle avait perdu une notable
               partie de cette chaux hydraulique et, partant, de sa résistance.

                    Les industriels avaient d’autres appréhensions. Leur eau est d’une douceur

               exceptionnelle pour le traitement de la laine. Lui substituer une eau filtrée, additionnée
               de produits chimiques, desservirait leurs intérêts. Ils craignaient donc que, le barrage
               ayant été exhaussé, le Ministère imposât l’installation d’une station d’épuration à la
               Gileppe. Le prix de cette eau, enfin, n’allait-il pas être majoré et la Ville ne risquait-elle
               pas de perdre les prérogatives qui la rendaient maîtresse de sa prise d’eau en vertu
               des arrêtés royaux des 1er février 1866 et 21 décembre 1897 ?


                 Le ministre Vanaudenhove rassura administrateurs et industriels : un répit leur était

               accordé : on ne viderait pas le lac dans un proche avenir et s’il fallait y procéder, les

               eaux d’Eupen seraient fournies gratuitement à la Ville. Enfin, il n’était pas question
               d’une station d’épuration à la Gileppe.

                  La Chambre de Commerce et d’industrie de Verviers publia, dans son bulletin de mai

               1955, le procès-verbal de la réunion des utilisateurs de l’eau de la Gileppe. Le
               problème, y lisait-on, comporte quatre aspects qui méritent d’être examinés
               successivement et en fonction de leurs relations entre eux : 1) la réparation du barrage

               ; 2) son exhaussement ; 3) les qualités (ou défauts) des eaux de remplacement,

               traitées ou non ; 4) le statut administratif et juridique de la Gileppe.

                 Sur le premier point, l’assemblée se déclarait incompétente ; elle considérait
               cependant comme utile un exhaussement lié à une épuration de la Vesdre par dilution.
               Elle attendait les essais d’utilisation de l’eau de la Vesdre pour se prononcer. Elle
               demandait le maintien du statut, mais accepterait, après étude préalable, des
               modifications de détail.

                    Les essais de l’eau d’Eupen devaient se faire attendre longtemps. En 1957, le
               Service des Ponts et Chaussées ouvrit une adjudication pour l’établissement d’une
               conduite de 100 millimètres entre la chambre de vidange où aboutissait la colonne

               d’Eupen à proximité des carrières Brandt, sur le chemin de la Borchêne, et l’usine

               Despa, à Béthane.













                                       Despa
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