Page 98 - le barrage de la gileppe
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               Le drame de la Soor


                Moins de deux mois après cette seconde visite, une catastrophe épouvantable marquait
             d’une date funeste l’histoire du tunnel de la Soor.

                Le mardi 8 juillet 1952 avait commencé sous un ciel nuageux et dans une chaleur
             lourde. Depuis trois jours, le temps était à l’orage. A 17 h 15 exactement, une trombe
             d’eau d’une extrême densité s’abattit sur une aire très réduite de la Fagne et sur le cours

             supérieur de la Soor, où celle-ci chantonne en un mince ruisseau sur des blocs

             erratiques.

                En quelques instants, le ru se transforma en un torrent impétueux, une véritable

             muraille liquide. Des témoins nous ont décrit le phénomène exceptionnel auquel ils
             avaient assisté avec effroi, juchés sur le versant boisé, dans un abri précaire. Une lame

             de plusieurs mètres d’élévation roulait à grand fracas à travers le ravin, débordant sur

             les rives, arrachant des arbres et dévastant les chemins. Trente ouvriers, pour la
             plupart Italiens, étaient occupés aux derniers travaux du tunnel. Le plus grand nombre,
             ayant terminé leur tâche, étaient repartis à 4 heures de l’après- midi. Il n’en restait que
             sept à l’intérieur quand, à 5 h 20, le coup d’eau se déchaîna.


                Une enquête longue et minutieuse, faite à des fins techniques et météorologiques, a
             jeté quelque lumière sur cet événement inouï. De l’avis des savants qui se sont
             penchés sur les circonstances du cyclone, celui-ci ne se renouvelle pas deux fois en un
             siècle.
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